Fenaison ou Fanage
(Agriculture). La fenaison se commence des premiers jours de juin à la Saint-Jean ; il est rare, excepté dans quelques prés froids et tardifs, qu’elle se prolonge au-delà des premiers jours d’août. On comprend d’ailleurs que l’époque la plus favorable varie selon le climat local. Le temps de faucher les prés est venu lorsque les espèces de graminées qui y dominent sont en pleines fleurs. Attendre plus tard, dans la crainte que la récolte perde trop par la dessiccation, c’est vouloir récolter de la paille au lieu de foin ; bien des cultivateurs commettent cette faute, sacrifiant ainsi la qualité à un accroissement illusoire de la quantité. On fauche l’herbe des près avec la faux nue. Lorsque les ouvriers travaillent à tant par hectare, il faut veiller à ce qu’ils rasent le tapis, parce qu’ils sont toujours disposés dans ce cas à lever la main pour aller plus vite ; les trois premiers centimètres d’herbe, à partir du sol, fournissent plus et de meilleur fourrage que les neuf derniers centimètres de l’extrémité des tiges. Lorsqu’au contraire les faucheurs entreprennent toutes les manipulations du foin et reçoivent tant par cent de bottes, leur intérêt est, de faire rendre beaucoup aux près, et ils fauchent le plus bas possible pour avoir plus de fourrage.
Les faneuses laissent sur l’ondin toute l’herbe fauchée dans la journée ; elles fanent celle qui a été fauchée la veille. Elles réunissent, en les retournant avec la fourche, deux ondins seulement s’ils sont forts, trois et quatre si l’herbe n’est pas abondante. Ces ondins réunis forment les chaînes. On râtelle de suite les intervalles que cette nouvelle disposition forme entre les chaînes, pour ne plus avoir à y repasser. Dans les prés très productifs, on est quelquefois obligé, au lieu de mettre l’herbe en chaîne, de la joncher de manière à couvrir toute la surface du pré ; il faut bien veiller alors à ce que les faneuses la secouent avec soin, parce que s’il restait des plaques qui ne fussent pas divisées, celles-ci ne se faneraient pas aussi vite que le reste. Une fois que l’herbe a été remuée, elle ne doit plus passer la nuit éparse parce qu’elle ne fournirait plus qu’un foin blanc sans odeur comme sans saveur. Il faut donc, vers trois heures de l’après-midi, commencer à mettre en moyens tas l’herbe qui a été répandue le matin. Le lendemain, après que la rosée est dissipée, ces tas sont répandus de nouveau, puis retournés une, et s’il le faut, deux fois dans la journée ; le soir du second jour, ils sont bons à mettre en meulons ou veillottes pour être mis le lendemain en meules de 600 à 1 200 kilos, ou transportés immédiatement dans les fenils. Lorsque le soleil est caché, que le temps est frais ou humide, ou qu’il ne fait pas de vent, la dessiccation du foin marche lentement ; il n’est souvent bon à être emmeulé ou rentré qu’au bout de 5, 6, quelquefois 8 jours après qu’il a été fauché. D’autres fois, surtout dans le courant de juillet, par un temps sec et chaud, le foin fauché le matin peut être rentré le soir. — Les ondées sont assez fréquentes dans la saison des foins ; il ne faut pas s’en effrayer. Quand on prévoit une pluie prochaine, on ramasse le foin en moyens tas, qu’il soit ou non assez fané : la pluie lui fait moins de mal dans cet état que lorsqu’il est répandu. Quant à celui qui est en ondins, y serait-il déjà depuis plusieurs jours, il ne faut pas y toucher. Il peut rester jusqu’à 8 jours ainsi sans souffrir notablement de la pluie. On profite des premières éclaircies de beau temps, pour ouvrir les tas qui ont été mouillés et les répandre ; le foin surpris par la pluie étant répandu, est retourné et secoué ; puis, avant la nuit, le tout est mis en meulons. Ces foins lavés pendant la fenaison, sont plus tôt secs que les autres après qu’ils se sont ressuyés. Ils ont déjà perdu de leur qualité ; il faut les rentrer le plus tôt possible, parce qu’une nouvelle pluie, en y développant un germe de fermentation putride, y occasionnerait plus de dommage que dans les autres. Voy. Meules et Bottelage.
Lorsque les ouvriers entreprennent la fenaison à la tâche, on les paye, dans le rayon de Paris, sur le pied de 8 fr. 75 c. à 12 fr. par hectare, selon la force du foin, pour faucher seulement. Dans les départements du centre, le même travail se paye de 4 fr. 50 c. à 6 fr. Le fanage à prix fait se paye dans les mêmes proportions, mais un peu moins cher. Quand on donne le foin à faucher, faner et botteler, les tâcherons reçoivent de 5 à 6 fr. par cent. Ce cent se compose selon les localités, de 105 à 115 bottes du poids de 6 à 8 kilos.
Ban de fenaison. Voy. Ban.