Faucille
(Agriculture). La faucille est le plus antique, mais aussi le plus imparfait des instruments usités pour moissonner les céréales. La lame en est ordinairement finement dentée, d’où l’expression de fourcher le blé, pour dire moissonner à la faucille. Dans les pays où l’on ne récolte que du seigle, ou du froment à chaume faible, la faucille peut avoir jusqu’à 0m,35 à 0m,40 d’ouverture ; dans les pays où l’on récolte des froments à paille forte et dure, l’ouverture de la faucille n’a pas plus de 0m,30 à 0m,35. La faucille est de tous les instruments dont on se sert pour moissonner celui qui opère ce travail avec le moins de perte, parce que les poignées, juxtaposées par le moissonneur à mesure qu’il détache les épis, ne forment pas des javelles mêlées comme celles des grains fauchés ou sapés (Voy. Faux et Sape), et que le grain faucillé ne se bat pas et ne se répand pas autant que par les autres procédés de moissonnage : elle convient surtout pour les blés et les seigles qu’on a laissés trop mûrir. Enfin, lorsque les moissonneurs lient les javelles en gerbes, ils peuvent ramasser jusqu’au dernier épi du grain faucillé, tandis qu’avec les grains fauchés, la perte pour le cultivateur s’élève du 30e au 25e de la récolte. Malheureusement , avec la faucille, le moissonneur fait peu de travail et se fatigue excessivement : aussi n’est-il plus possible de s’en servir que dans les localités où la main-d’œuvre est à bas prix. En outre, cet instrument, coupant toujours la paille à 0m,20 du sol pour le moins, a le grave inconvénient de laisser, en pure perte, plus de chaume adhérant au sol que n’en laissent la faux et la sape. C ’est ce qui fait que, malgré ses avantages réels, l’usage de la faucille pour la moisson des céréales disparaît de plus en plus. Il doit absolument être banni de toute exploitation dirigée selon les principes d’une agriculture rationnelle et progressive. V. Moisson, Esseiglage, etc.