Dessin

(Arts d’agrément). — 1° Le dessin linéaire est la base de l’étude du dessin ; c’est donc par là qu’il faut commencer avec les enfants. On leur apprend d’abord à trace exactement, et sans le secours d’une règle, des lignes droites, courbes, brisées, et, quand ils sont bien familiarisés avec ces premiers principes, on les exerce à copier des figures un peu plus compliquées, telles qu’un rectangle, un cube, un cylindre, une pyramide, etc. Ensuite ils appliquent ces figures purement géométriques à la représentation d’objets réels qui en reproduisent la forme, comme, p. ex, un dé à jouer, un domino, un petit obélisque, un tonneau. Dès qu’ils ont acquis une certaine habitude, on peut leur donner, comme modèles à copier, divers objets usuels dont la forme leur est bien connue, tels qu’un verre à boire, une carafe, une bouteille, une cafetière, un vase. Les enfants étant naturellement portés à incliner, soit à droite, soit à gauche, le dessin des objets qu’ils copient, il est utile, dans le principe, de leur faire tracer d’abord sur le papier une ligne verticale qui, coupant en deux le dessin qu’ils vont y reproduire, leur servira de guide pour copier le modèle dans sa vraie position, c.-à-d. droit et d’aplomb. Les applications du dessin linéaire comprennent la plupart des jouets dont les enfants font journellement usage, tels que toupies, sabots, quilles, raquettes, etc. ; les instruments de jardinage les plus simples, bêche, arrosoir, brouette ; les ustensiles de ménage ; les diverses parties des plantes et des fleurs, tiges, feuilles, calice, corolle.

2° Pour l’enseignement du dessin de tête, on fait copier tout d’abord aux enfants une esquisse de tête vue de profil. On trace au fusain sur le modèle 4 lignes, une verticale, passant à travers le nez et la bouche, et 3 horizontales, l’une coupant l’œil, l’autre le nez, la troisième la bouche : ces mêmes lignes sont tracées dans la même position sur le papier de l’élève pour lui faciliter la reproduction du modèle. Aussitôt que l’élève a acquis une certaine habitude, il est bon de le faire dessiner d’après nature, ou, à défaut de modèle, d’après la bosse. Le premier tracé doit toujours être fait au fusain, de manière que les défauts puissent facilement être corrigés ; quand le tracé est suffisamment exact, on passe le crayon noir en redressant encore les petites défectuosités qu’on remarque. Ces mêmes procédés pratiques sont applicables aux têtes vues de trois quarts ou de face. Il convient de commencer tout dessin par les grandes lignes, c.-à-d. par ce qui donne la forme générale : les détails ne viennent qu’après. Quant aux ombres, on les obtient soit par le procédé des hachures au moyen du crayon noir, soit par l’emploi de l’estompe trempée dans ce qu’on appelle sauce, c.-à-d. dans du crayon très tendre qu’on a frotté sur du papier, soit enfin avec l’estompe pour recouvrir ensuite ce premier travail par des hachures. Celles-ci doivent toujours être dirigées dans le sens indiqué par les contours des diverses parties de la figure. — Après le dessin de la tête vient celui des diverses parties du corps jusqu’à ce que l’élève soit assez habile pour reproduire une figure humaine tout entière (dessin d’académie).

Les crayons noirs dont on fait usage pour le dessin de tête et le dessin linéaire sont généralement numérotés de 1 à 3 : le numéro 1 désigne le crayon le plus dur et le numéro 3 le crayon le plus tendre. Les études sur papier teinté ou papier aux nuances délicates produisent un très bon effet, grâce à l’emploi simultané des crayons blancs et noirs rehaussés de sanguine.

3° Pour le dessin de paysage, il faut commencer par les études les plus simples, telles qu’un tronc d’arbre, un rocher, une haie, un pan de mur ; une porte, une fenêtre. Ensuite la représentation exacte de quelques roseaux, de quelques branchages conduira insensiblement l’élève à pouvoir dessiner les masses de feuillage dont se compose un arbre. Mais il y a là de sérieuses difficultés à surmonter, et il faut s’exercer assez longtemps, soit pour acquérir ce coup de crayon habile et léger propre à reproduire la feuillée telle que l’offre la nature, soit encore pour disposer convenablement les masses de feuillage selon les plans qu’elles occupent. Dans le choix des premiers sujets qu’on aura à traiter, qu’ils soient pris dans des modèles ou dans la nature, on donnera la préférence aux paysages dont l’ensemble sera facile à saisir du premier coup d’œil une chaumière et quelques arbres, une ruine et des rochers. Les lois de la perspective doivent toujours être observées avec soin. Les ciels, les horizons seront très légers et traités de préférence au moyen de coton noirci avec la mine de plomb ; ils sont ainsi plus doux que par l’emploi de l’estompe : ensuite on obtient les lumières dans les endroits qui en exigent en enlevant avec de la mie de pain roulée dans les doigts une certaine portion de la mine de plomb. Il faut observer de quel côté doit venir le jour. Les tons vigoureux et les ombres les plus fortes sont toujours réservés pour les premiers plans. Parmi les crayons qu’on emploie pour le paysage, ceux qui portent les noms de Faber et de Gilbert sont particulièrement estimés. — Quant au dessin des fleurs et animaux, il faut toujours, comme dans le dessin des paysages, commencer par tracer une esquisse légère : seulement, pour les animaux chez lesquels les caractères particuliers sont plus distincts que dans les fleurs, cette esquisse doit être plus exacte, plus précise dans la forme générale et dans les détails.

Dessin à la sauce. C’est un agréable passe-temps, un procédé pour se procurer de jolis dessins au moyen de quelques feuilles de plantes et d’arbustes. Il suffit d’avoir en outre un petit album, quelques feuilles de papier blanc, et cette espèce de crayon très tendre, ou plutôt de fusain désigné sous le nom de sauce chez les marchands de couleurs. On frotte sur une feuille de papier le crayon noir de manière à obtenir une couche qui ne soit ni trop mince ni trop épaisse ; on prend ensuite une des feuilles qu’on a cueillies, on la place sur la sauce par la face de dessus, et on la couvre d’un morceau de papier blanc : alors on passe le doigt sur le papier partout où on sent la feuille au-dessous, de sorte qu’elle s’imprègne de sauce dans toutes ses parties, mais il ne faut pas appuyer trop fort de peur de l’écraser. Cela fait, on enlève le morceau de papier, on saisit délicatement la feuille et on l’applique par la face saucée sur une page de l’album ; on prend un autre morceau de papier bien propre, on l’applique sur la feuille, et on passe le doigt dessus comme il vient d’être dit. On enlève alors avec précaution papier et feuille, et on a sur la page de l’album une reproduction exacte de la feuille.

Écoles de dessin. — 1° École nationale spéciale de dessin, de mathématiques, etc., pour l’application des beaux-arts à l’industrie, à Paris, rue de l’École-de-Médecine, n° 5. On y enseigne gratuitement la géométrie pratique, l’arithmétique et le toisé, l’arpentage, la coupe des pierres, la charpente, les éléments d’architecture, la composition d’ornement, le dessin de la figure humaine et des animaux, le dessin des ornements et des fleurs, la sculpture d’ornement, la gravure sur bois, etc. Chaque soir, il y a des exercices pour les ouvriers adultes qui ne peuvent s’y rendre qu’après leur journée. — 2° École spéciale de dessin pour les jeunes personnes, à Paris, rue de Seine, n° 10 (cette école est ouverte tous les jours, le samedi excepté). On y enseigne aussi gratuitement le dessin de figures, d’ornements et de fleurs. — 3° Des écoles de dessin analogues aux deux précédentes existent à Arras, Avignon, Bar-le-Duc, Bordeaux, Calais, Dijon, Grenoble, Marseille, Nancy, Nantes, Nevers, Le Puy, Saint-Omer et Tulle. Des écoles spéciales de dessin appliqué à certaines branches de fabrication existent à St-Étienne, pour les rubans ; à St-Pierre-Calais, pour les tulles ; à Lyon, pour les étoffes de soie ; à Mulhouse, pour les étoffes et papiers imprimés ; à Nîmes, pour les tissus brochés et imprimés.

Dessins (Législation). Par le décret organique sur la presse du 17 février 1852 (art. 22), tout ce qui concerne les dessins et les gravures est soumis à l’autorisation préalable en ces termes : « Aucuns dessins, aucunes gravures, lithographies, médailles, estampes ou emblèmes, de quelque nature et espèce qu’ils soient, ne pourront être publiés, exposés ou mis en vente sans l’autorisation du ministre de l’intérieur, à Paris, des préfets, dans les départements. En cas de contravention, les dessins, gravures, etc., pourront être confisqués, et ceux qui les auront publiés seront condamnés à un emprisonnement d’un mois à un an et à une amende de 100 fr. à 1 000 fr. » — Quant aux dessins, gravures, lithographies, etc., contraires aux bonnes mœurs, la loi pénale en punit avec une juste sévérité l’exposition et la distribution.

Dessins de fabrique. Le fabricant qui veut s’assurer la propriété de ses dessins de fabrique et la revendiquer, au besoin, devant un tribunal de commerce, doit en déposer aux archives du conseil des prud’hommes, au greffe du tribunal de commerce à défaut de prud’hommes, au greffe du tribunal civil à défaut de tribunal de commerce, un échantillon plié sous enveloppe revêtue de son cachet et de sa signature, et qui portera également le cachet du conseil des prud’hommes, du tribunal ou de la mairie. Les dépôts de dessins sont inscrits sur un registre spécial, et des certificats rappelant le numéro d’ordre du paquet déposé ainsi que la date du dépôt, sont délivrés aux fabricants. En déposant son échantillon, tout fabricant doit faire connaître le temps pendant lequel il veut se réserver la propriété exclusive de son dessin, et il est tenu note de cette déclaration (Loi du 18 mars 1806). En cas de contestation entre deux ou plusieurs personnes sur la propriété d’un dessin, on procède à l’ouverture des paquets déposés par les parties, et c’est aux tribunaux de commerce qu’il appartient de juger et de décider la question. — Voy. Marques de fabrique.

Dessin d’un jardin. Voy. Jardin.

Laisser un commentaire