Cheminées
(Économie domestique). Dans les contrées où le bois est abondant et à bon marché, c’est le moyen de chauffage le plus général. C’est aussi le plus agréable et le plus sain ; mais il devient tous les jours plus coûteux, même en substituant la houille au bois comme combustible. En effet, une cheminée ordinaire n’utilise en moyenne que 6 p. 100 de la chaleur produite par le bois, et 13 p. 100, de celle produite par la houille. Pour qu’une cheminée donne toute la somme de chaleur qu’elle peut fournir, il faut que le foyer soit placé le plus en avant possible de la cheminée, que son ouverture soit étroite, et que les parois intérieures soient revêtues de plaques de faïence, ou de cuivre poli, de manière à réfléchir le calorique, et à le renvoyer dans la pièce. En étranglant le tuyau de cheminée à son point de départ, et en y plaçant un registre mobile, qu’on ouvrira plus ou moins suivant l’activité du feu, on diminuera la quantité d’air froid attiré par la combustion. Au moyen de ventouses habilement disposées, on fera passer l’air extérieur sous la cheminée de manière qu’il s’échauffe avant de traverser le foyer, et on pourra même utiliser, pour chauffer la pièce, une partie de la chaleur emportée par le tuyau. — Une bûche en fonte percée de trous à ses deux bouts, de manière à y établir un courant d’air, augmente considérablement la chaleur d’une cheminée.
Les cheminées ont fort souvent le défaut de fumer. Cela tient quelquefois à ce que les jointures des fenêtres et des portes ferment trop hermétiquement : il est toujours facile de remédier à cet inconvénient. Le plus souvent les cheminées fument, parce que le tuyau de conduite étant trop court ou trop large, n’a pas un tirage suffisant : on y remédie en mettant un rideau de tôle au chambranle de la cheminée, et en surmontant le tuyau de conduite d’un tuyau vertical, plus étroit à l’ouverture qu’à la base : on peut aussi ajouter une trappe à la base du tuyau de conduite. Les cheminées placées en face d’une porte ou d’une fenêtre fument presque toujours : on aura soin d’éviter cette disposition. Si une porte établit un courant d’air oblique, qui rappelle la fumée dans la chambre, on mettra un paravent, ou bien on changera les gonds de manière que la porte s’ouvre dans le sens opposé. Si l’on fait du feu dans deux pièces contiguës, et que le feu d’une cheminée fasse fumer l’autre, on réunira les deux tuyaux en un seul, si c’est possible, ou dans le cas contraire, on tiendra la porte de communication soigneusement fermée : quelquefois même en ayant le soin d’allumer les deux feux en même temps, et de ne pas pousser l’un plus que l’autre, on arrive à empêcher les cheminées de fumer.
Dans un appartement bien tenu, une cheminée doit être toujours munie d’un garde-feu pour empêcher que le feu ne roule sur le parquet ou sur le tapis. Pour empêcher qu’une étincelle ne soit projetée dans l’intérieur de la chambre, et qu’aucun objet, papier ou étoffe légère, ne soit entraîné dans le foyer par le tirage de la cheminée, on a imaginé un appareil ingénieux, le pyroscèpe ou garde-feu Caudrelier : c’est un rideau en toile métallique, ayant toute la hauteur et toute la largeur de la cheminée et qui, fixé à la tablette qui garnit le dessus de celle-ci, monte et descend à volonté, à la manière d’un store. Grâce à cet appareil, bien supérieur aux écrans à rouleaux, aux garde-feu à feuilles et autres, on n’a plus à craindre les accidents funestes et malheureusement trop fréquents qu’occasionnent l’imprudence des enfants et l’ampleur des robes d’aujourd’hui. Voy. Poëles.
Feu de cheminée. Lorsqu’on s’aperçoit que le feu a pris dans un tuyau de cheminée, on doit aussitôt éteindre ou retirer le bois allumé ainsi que la braise ; on bouche l’ouverture inférieure de la cheminée, en y plaçant un devant de cheminée qui s’y adapte bien, ou mieux encore un drap de lit, une couverture de laine, une nappe pliée en double et largement mouillée, de manière à intercepter complètement l’air extérieur. On saisit ensuite par le milieu ce drap ou cette couverture, et en lui donnant un mouvement de va-et-vient, on provoque la chute de la suie enflammée. Avec ces précautions le feu ne tarde pas à s’éteindre. Si c’est dans un poêle que le feu se déclare, il faut fermer la clef et boucher la porte aussi bien que possible.
Un moyen de prévenir les feux de cheminée c’est d’enduire l’intérieur du tuyau d’un mélange de chaux éteinte et d’argile : la suie ne s’attache point à cet enduit. Le plus sûr, en tous cas, est de faire ramoner souvent les cheminées et tout au moins deux fois l’an ; on doit aussi nettoyer fréquemment l’entrée du tuyau avec un long balai.
Cheminées (Législation). Celui qui veut construire une cheminée près d’un mur, mitoyen ou non, est obligé de laisser la distance prescrite par les règlements et usages locaux, ou de faire les ouvrages prescrits par les mêmes règlements et usages, pour éviter de nuire au voisin (C. Nap., art. 674). Si l’on veut construire une cheminée contre ou dans le mur du voisin, il faut nécessairement acheter de celui-ci la mitoyenneté, au moins de l’emplacement de la cheminée ; s’il y a des poutres ou solives dans l’épaisseur du mur, on les réduit jusqu’à moitié de ce mur. Celui à qui un mur appartient exclusivement peut y encastrer une cheminée ; un acheteur de la mitoyenneté ne pourra faire reculer ni supprimer la cheminée. Quand , au moment où l’on construit la cheminée, le mur est mitoyen, on ne peut rien prendre sur son épaisseur, sous peine d’être obligé par le voisin à rétablir le mur dans toute son épaisseur, ce que, en cas de refus ou de retard, le voisin pourrait faire exécuter aux frais du constructeur de la cheminée. Cette construction dans un mur mitoyen suppose ou que le règlement ou usage local l’autorise, ou que la cheminée a été construite par le propriétaire d’un mur qui séparait deux maisons autrefois à lui appartenantes, et qui est devenu mitoyen par la séparation des deux maisons.
Des dispositions excellentes sur la construction et l’entretien des cheminées sont contenues dans les ordonn. de police des 24 nov. 1843 et 11 déc. 1852. En voici les principales prescriptions : Toutes les cheminées doivent être établies de manière à éviter les dangers du feu et à être facilement nettoyées ou ramonées. Il est interdit d’adosser des foyers de cheminées à des cloisons dans lesquelles il entrerait du bois, à moins de laisser, entre le parement extérieur du mur entourant les foyers et les cloisons, un espace de 0m,16. Les foyers des cheminées ne doivent être posés que sur des voûtes en maçonnerie, ou sur des trémies en matériaux incombustibles. Il est défendu de poser les bois des combles et des planchers à moins de 0m,16 de toute face intérieure des tuyaux de cheminée. Les languettes des tuyaux en plâtre doivent être pigeonnées à la main, et avoir au moins 0m,08 d’épaisseur. Chaque foyer de cheminée doit avoir son tuyau particulier dans toute la hauteur du bâtiment. Les tuyaux de cheminée qui n’auraient pas au moins 0m,60 de largeur sur 0m,25 de profondeur, doivent être construits en briques, en terre cuite ou en fonte. Ils ne peuvent être que de forme cylindrique ou à angles arrondis, sur un rayon de 0m,06 au moins. Ces tuyaux ne peuvent dévier de la verticale de manière à former avec elles un angle de plus de 30 degrés (un tiers de l’angle droit). L’accès à leur partie supérieure devra être facile. Les mitres en plâtre sont interdites au-dessus des tuyaux des cheminées. Aucun tuyau conducteur de fumée en métal ne pourra traverser un plancher ou un pan de bois, à moins qu’il ne soit entouré au passage par un manchon en métal ou en terre. — Dans un intérêt de salubrité et de propreté, les propriétaires d’usines qui emploient des machines à vapeur doivent, à Paris, construire les cheminées de ces machines de manière à brûler leur fumée, ou ne brûler que du coke ou du bois (Ord. du 11 nov. 1834).
Les propriétaires sont intéressés aux précautions à prendre pour la bonne construction des cheminées ; car ils répondent des dommages causés par une construction vicieuse. Si les lois et règlements ne sont pas observés dans la construction des cheminées, le voisin a le droit de demander que les contraventions soient constatées, et lorsqu’elles le sont, d’exiger la destruction des cheminées, ou, au moins, la reconstruction dans les parties défectueuses. — Les réparations de menu entretien à faire aux âtres, contre-murs et tablettes des cheminées sont à la charge des locataires (C. Nap., art. 1754). Les autres dépenses doivent être faites par le propriétaire. Le nettoyage et le ramonage sont, quand il n’y a pas convention contraire, à la charge des locataires. Il y a une amende de 1 à 5 fr. contre ceux qui négligent d’entretenir, réparer ou nettoyer les cheminées (C. pén., art. 471). Il est généralement défendu d’employer le feu au ramonage des cheminées. — Lorsqu’un incendie a été causé par la vétusté, ou par le défaut, soit de réparation, soit de nettoyage des cheminées, les personnes chargées de les entretenir, réparer ou nettoyer, sont passibles d’une amende de 50 à 500 fr. (C. pén., art. 458).