Cendres
(Économ. domestique et rurale). — 1° Pour lessive. Toutes les espèces de cendres ne sont pas propres à faire la lessive, et, parmi celles qui le sont, il y en a qui ont plus ou moins d’action, selon qu’elles contiennent plus ou moins de potasse. On dit généralement que la cendre bien cuite vaut mieux que celle qui ne l’est pas, et on entend par cendre bien cuite, celle qui a séjourné longtemps dans un foyer. Dans ce cas, la cendre contient moins de charbons et de corps étrangers ; alors à volume égal, elle a plus d’action que la cendre qui contient des matières étrangères. Il suffit donc pour, que la cendre ait les qualités qu’on recherche dans la cendre bien cuite, de la passer au travers d’un crible de fer très serré, ou d’un tamis de crin.
La cendre qui provient des souches, contient de la terre, et tache souvent le linge. Les cendres d’aune et de châtaignier, donnent une lessive tellement colorée qu’elle altère beaucoup la blancheur du linge. Les cendres des espèces d’arbres qui croissent sur le bord de l’eau, et celles des bois blancs, ont très peu d’action ; la cendre de bruyères ne vaut pas mieux. La cendre qui provient des tiges de plantes vertes et de feuilles est la meilleure ; celle du bois neuf vaut mieux que celle du bois pourri, ou du bois flotté. La cendre de sarments et celle du bois des arbres fruitiers est excellente ; la cendre d’arbres résineux, comme le pin et le sapin, est très bonne, ainsi que celle des principales essences des forêts et surtout du chêne. Les coquilles d’œufs donnent aussi de très bonnes cendres. — La cendre doit être conservée à l’abri de l’humidité ; lorsqu’elle est mouillée ou seulement humide, elle perd une grande partie de ses qualités ; gardée en lieu sec, elle peut se conserver indéfiniment.
Un nouet de cendres fines qu’on fait bouillir avec les eaux dites crues, rend celles-ci propres au savonnage et à la cuisson des légumes.
2° Pour amendement. Les cendres de bois, de houille, de tourbe s’emploient dans les mêmes circonstances que la chaux, et produisent des effets du même genre, mais seulement sur les terres privées de calcaire. Dans celles où cet élément abonde, leur effet est nul ; mais il est prodigieux dans les terres argileuses qu’elles allégissent. Elles donnent du corps aux terres légères, mais leur effet y est moins sensible. Les cendres lessivées ou charrées, ont autant de valeur pour l’agriculture que les cendres vives.
Les cendres de toute espèce doivent êtres répandues sèches, par un temps sec, et après que la terre a été ressuyée. Les cendres de bois s’emploient dans la proportion moyenne de 20 hectol. par hectare pour les céréales, le lin, le chanvre, etc. On les sème à la volée par un temps calme, autant que possible, sur la semence, et on les enterre avec celle-ci, soit à la herse, soit par un labour superficiel. Avec 20 hectol. de cendres, on a une belle récolte de froment sans fumier ; le froment est moins sujet à verser, qu’il ne l’est sur une terre fumée avec du fumier sec ; il est aussi de meilleure qualité. Avec une demi-fumure, 8 ou 10 hectol. de cendres suffisent, et l’engrais se fait sentir pendant 2 ou 3 ans. Sur les prés, on sème les cendres vives jusqu’à la dose de 50 hectol. à l’hectare. Elles font promptement périr la mousse et doublent quelquefois le rendement en fourrage. Leur effet se prolonge pendant une dizaine d’années. Les cendres de tourbe agissent sur les trèfles de la même manière que le plâtre, mais il en faut de 10 à 20 hectol. à l’hectare. Pour les blés, les cendres de tourbe s’emploient à une dose moitié moindre que celle des cendres de bois. Les cendres de houille produisent autant d’effet que ces dernières sur les céréales, mais à dose plus forte. On n’en met pas moins de 40 hectol. par hectare ; mais on en peut mettre beaucoup plus, et alors, leur durée est prolongée en proportion.