Cerf-volant
(Jeux d’enfants). Ce jeu a l’avantage d’exiger la promenade en rase campagne, la course en plein air, et cela suffit pour en faire un des exercices les plus agréables et les plus salutaires. On peut acheter chez les marchands de jouets des cerfs-volants tout faits, à tout prix et de toute grandeur ; mais on peut aussi fabriquer soi-même le cerf-volant qu’on désire posséder, et ce travail est déjà un premier amusement. — Il faut avant tout déterminer la grandeur qu’on veut donner au cerf-volant ; on admet habituellement dix grandeurs différentes avec les proportions suivantes
Nos 10. 1m,30 de hauteur sur 0m,96 de largeur.
Nos 9. 1m,20 de hauteur sur 0m,87 de largeur.
Nos 8. 1m,15 de hauteur sur 0m,77 de largeur.
Nos 7 0m,95 de hauteur sur 0m,70 de largeur.
Nos 6. 0m,87 de hauteur sur 0m,61 de largeur.
Nos 5. 0m,75 de hauteur sur 0m,57 de largeur.
Nos 4. 0m,63 de hauteur sur 0m,51 de largeur.
Nos 3. 0m,53 de hauteur sur 0m,44 de largeur.
Nos 2. 0m,40 de hauteur sur 0m,30 de largeur.
Nos 1. 0m,36 de hauteur sur 0m,28 de largeur.
La grandeur choisie, on se procure une baguette ou une latte bien droite, d’un bois sec, léger et peu flexible, qui formera ce qu’on appelle l’épine du cerf-volant. Pour faire l’arc, on choisit du bois à cerceau non courbé, une baguette de châtaignier sans nœuds, et on amincit un peu ce bois vers les extrémités, afin de pouvoir le courber plus facilement. On cherche exactement le milieu du bois de l’arc, à l’aide d’un compas, ou tout simplement au moyen d’une ficelle qu’on coupe de la même longueur et dont on prend ensuite la moitié, et quand on a trouvé le milieu, on fixe ce point avec de la ficelle un peu au-dessous de la partie supérieure de l’épine. Une fois l’arc solidement assujetti par le milieu, on creuse une petite coche à chacune de ses extrémités ; puis, après avoir attaché une ficelle à l’une d’elles, on fait passer cette ficelle autour d’une échancrure pratiquée au bas de l’épine, et on la remonte du côté opposé pour la rattacher à l’autre extrémité de l’arc : c’est ainsi qu’on donne à l’arc la courbure qu’il doit avoir. Pour vérifier si les deux ailes du cerf-volant sont en équilibre, on place la latte sur le bout du doigt, et, en la soutenant en l’air quelques moments, on s’assure que le plan reste bien horizontal. Pour achever cette espèce de châssis, il faut reprendre la ficelle où on l’a laissée et la faire passer d’un bout de l’arc à l’autre en travers de l’épine, en ayant soin de la tourner une fois sur la latte. Du bout de l’arc où elle sera fixée, la ficelle remontera à la partie supérieure de l’épine où elle sera encore tournée sur la latte pour venir s’attacher à l’autre bout de l’arc ; enfin de ce dernier point elle sera conduite vers le bas de l’épine, à peu près au tiers de sa longueur, et, après avoir été assujettie sur une petite échancrure, elle remontera pour venir une dernière fois se rattacher au bout de l’arc où elle a été d’abord fixée. — Le châssis achevé, il faut l’habiller. Pour cela, on prend un certain nombre de feuilles de papier qu’on réunit bout à bout au moyen de colle de pâte, de manière à obtenir une surface suffisamment étendue ; on encolle cette surface et on y applique le châssis. On découpe ensuite le papier parallèlement au contour du châssis, en ayant le soin de réserver une marge de 3 ou 4 centimèt., qui sera repliée en dessus et fixée avec de la colle. Quand le tout est bien sec, on perce dans l’épine deux trous, l’un à peu près à un 5e de la longueur totale de l’épine au-dessous du sommet, l’autre à peu près au tiers de cette même longueur, à partir de l’extrémité inférieure. C’est dans ces trous qu’on passe et qu’on fixe, par un nœud fait aux deux bouts, le morceau de ficelle qui forme l’attache ou la corde ventrière. Il reste encore à pratiquer dans l’attache le nœud coulant par lequel doit passer la ficelle qui servira à élever le cerf-volant dans les airs. Ce nœud doit être toujours placé un peu plus haut que le milieu de l’attache : pour s’assurer, ce qui est très-important, que ce nœud a été convenablement placé, on suspend en l’air le cerf-volant en le tenant par cette partie, et il faut alors que les côtés symétriques s’équilibrent parfaitement à droite et à gauche. — Pour compléter la machine, on lui donne une queue qui est attachée à la partie inférieure de la longue latte, et qui a 12 ou 15 fois la longueur du cerf-volant : cette queue n’est autre chose qu’une ficelle à laquelle en attache de distance en distance, des morceaux de papier pliés en quatre, longs de 7 ou 8 cent., larges de 2 ou 3, et qui se termine par une espèce de gros gland en papier découpé et frisé. Les oreilles, qu’on ajoute quelquefois aux deux points opposés de l’arc, sont des appendices dont le cerf-volant peut très bien se passer, et qui ne sont utiles que pour rétablir l’équilibre de la machine, dans le cas où la construction de celle-ci laisserait quelque chose à désirer. On peut décorer le cerf-volant en y collant, soit d’un seul côté, soit des deux, des images coloriées et découpées.
Pour lancer le cerf-volant dans les airs, ce qu’on ne peut bien faire qu’en pleine campagne et quand le vent est modéré, on se munit d’un gros peloton de bonne ficelle dont on passe un des bouts dans le nœud de l’attache où on l’arrête solidement. Après avoir développé la queue du cerf-volant, on tient dans la main le peloton de ficelle, dont on dévide d’abord une certaine longueur, et on prend rapidement sa course. À mesure que le cerf-volant s’élève, on lui fournit de la ficelle tant qu’il la tire avec force et qu’il la maintient bien tendue ; on la roule aussitôt que cette tension se relâche. Il est bon que la ficelle soit enroulée sur un morceau de bois, ce qui permet de la manier plus commodément, soit pour la dérouler, soit pour l’enrouler. Quand l’ascension a réussi et que le cerf-volant, parvenu à une assez grande élévation, reste pour ainsi dire immobile, on peut s’amuser à enfiler dans la ficelle des rondelles de cartes ou de papier, lesquelles, poussées par le vent, montent en tournoyant jusqu’au cerf-volant lui-même : on appelle cela envoyer des courriers. Lorsqu’on veut ramener à soi le cerf-volant, il suffit d’enrouler peu à peu toute la ficelle qu’on a déroulée. Si le cerf-volant est fait dans de grandes dimensions, il faut être au moins deux personnes, soit pour l’enlever, soit pour le maintenir quand il plane au haut des airs.