Blessures, Blessés
(Médecine, Assistance publique). Les blessures réclament un traitement différent, selon qu’elles sont plus ou moins graves, suivant les causes diverses qui les ont produites ou les organes qui en sont atteints ; nous ne pouvons sous ce rapport que renvoyer aux articles spéciaux consacrés aux divers genres de blessures, tels que brûlures, contusions, coupures, fractures, luxations, etc. (Voy. tous ces mots), et nous nous bornerons à résumer ici les excellentes recommandations prescrites par le Conseil d’hygiène et de salubrité au sujet des secours qu’on peut donner aux blessés en attendant l’arrivée du médecin.
Aussitôt qu’une personne a été blessée assez grièvement pour qu’il soit nécessaire d’appeler un homme de l’art, on peut, en attendant celui-ci :
1° En cas de plaie, découvrir doucement la partie blessée, en coupant, s’il est nécessaire, les vêtements avec des ciseaux, et laver la blessure avec une éponge ou du linge imbibé d’eau fraîche, pour la nettoyer et pour mieux se rendre compte de son étendue ou de sa gravité ;
2° S’il n’y a qu’une simple coupure, et que le sang soit arrêté, on peut rapprocher les bords de la plaie et les maintenir en cet état avec un morceau de taffetas d’Angleterre ou des bandelettes de sparadrap amollies à la flamme d’une bougie ou sur des charbons ardents ;
3° S’il y a bosse ou contusion, on peut appliquer sur la partie blessée des compresses imbibées d’eau fraîche, avec addition de 15 ou 20 gouttes d’extrait de saturne pour un verre d’eau, et, à défaut, de sel ordinaire. Ces compresses sont maintenues au moyen d’un mouchoir ou de tout autre bandage médiocrement serré, et on les tient humides en les arrosant fréquemment ;
4° S’il y a hémorragie, on peut appliquer sur la plaie de l’amadou ou des gâteaux de charpie que l’on maintient soit avec la main, soit avec un bandage, de manière à exercer une compression suffisante sans être exagérée ; si le sang s’échappe par un jet rouge écarlate et saccadé et que le blessé soit pâle, défaillant et en danger de mort, il faut s’empresser de comprimer fortement avec les doigts l’endroit d’où part le sang ; on peut ensuite remplacer cette compression par un tampon d’amadou, de charpie ou même de linge appliqué sur la plaie et maintenu par une bande bien serrée ;
5° Si le blessé crache ou vomit du sang, on le place sur le dos ou sur le côté correspondant à la blessure, la tête et la poitrine élevées, et on lui fait avaler de l’eau fraîche par petites gorgées ; on peut aussi lui appliquer sur la poitrine ou sur le creux de l’estomac des compresses trempées dans de l’eau aussi froide que possible ;
6° En cas de brûlure, on conserve et on replace avec le plus grand soin les parties d’épiderme soulevées ou en partie détachées ; on perce les cloques ou ampoules pour en faire sortir le liquide ; on couvre la partie brûlée d’un linge fin enduit de cérat ou d’huile d’amandes douces et on met par-dessus des compresses humides que l’on arrose fréquemment avec de l’eau fraîche ;
7° En cas de foulure ou d’entorse, on plonge la partie blessée dans un vase rempli d’eau fraîche et on l’y maintient le plus longtemps possible en renouvelant l’eau à mesure qu’elle s’échauffe ; si la partie ne peut être plongée dans l’eau on l’enveloppe de compresses imbibées d’eau fraîche en ayant soin de les arroser continuellement ;
8 En cas de luxation ou de déboîtement, on évite de faire exécuter au membre malade aucun mouvement brusque ou étendu ; on se contente de placer ou de soutenir ce membre dans la position qui cause le moins de douleur au blessé, et on attend l’arrivée du chirurgien ;
9° En cas de fracture, on évite encore davantage d’imprimer aucun mouvement au membre blessé ; si le malade a besoin d’être transporté d’un lieu à un autre on le soutient avec la plus grande précaution. Si la fracture est au bras ou à la main, on rapproche doucement le membre du corps et on le soutient au moyen d’une écharpe ; si elle est à la jambe ou à la cuisse, on place doucement le blessé sur un lit, puis on étend avec précaution le membre fracturé sur un oreiller et on l’y maintient avec 2 ou 3 rubans : on peut aussi rapprocher le membre blessé du membre sain et les unir ensemble dans toute leur longueur sans trop les serrer ; il faut avoir soin surtout de soutenir le pied de manière qu’il ne tombe ni en dedans ni en dehors ;
10° En cas de syncope ou d’évanouissement, il faut desserrer promptement les vêtements, enlever ou relâcher tous les liens qui peuvent comprimer le cou, la poitrine et le ventre. On couche ensuite le blessé horizontalement, la tête un peu élevée, et on cherche à le ranimer en lui jetant de l’eau froide au visage, en le frictionnant avec du vinaigre ou de l’alcool sur les tempes et autour du nez et en lui faisant respirer de l’ammoniaque. Si le blessé a perdu beaucoup de sang, et s’il est froid, on le frictionne par tout le corps avec de la flanelle, on le couvre avec soin et on réchauffe son lit. — Si la perte de connaissance est accompagnée de blessures graves au crâne, il faut se contenter de placer le blessé dans une situation commode, la tête un peu élevée et de maintenir la chaleur du corps, des pieds surtout, jusqu’à l’arrivée du médecin ;
11° Si le blessé est en état d’ivresse, on lui fait prendre par gorgées, à quelques minutes d’intervalle, un verre d’eau légèrement sucrée dans lequel on aura mis 15 gouttes d’ammoniaque, ou mieux 25 gouttes d’acétate d’ammoniaque.
Dans tous les cas, on évite de fatiguer le blessé par la réunion d’un trop grand nombre de personnes. Les secours, pour être efficaces, ont besoin d’être donnés avec calme, et d’être appropriés exactement à la nature du mal. — Si le blessé est trouvé sur la voie publique, on peut à Paris, le porter au poste le plus voisin : on y trouve ordinairement tous les appareils nécessaires pour le secourir ou pour le transporter soit à l’hôpital, soit à son domicile. Dans les petites localités, à la campagne surtout, on n’a pas toujours une civière à sa disposition, et il importe de savoir improviser un moyen de transport : en voici un fort simple. Sur deux tabourets placés en face l’un de l’autre on étend une petite échelle, et sur l’échelle un matelas ou une paillasse disposés de manière que l’un des rebords de ce matelas ou de cette paillasse forme une espèce d’oreiller. On y couche le blessé et deux hommes le portent en prenant l’échelle l’un par la tête, l’autre par les pieds. À défaut de tabourets, on peut employer deux chaises renversées. — Voy. Boîte à pansement.
Il a existé, à Paris, rue du Petit-Musc, 21, un établissement en faveur des indigents blessés, où l’on donnait des consultations et où l’on faisait des pansements gratuits, tous les matins de 8 à 10 h., et les lundis et jeudis, de 1 à 3 h. — Voy. aussi Hopitaux.
Blessures (Législation)
Il ne suffit pas, pour être à l’abri de toute peine, de s’abstenir de faire volontairement des blessures à autrui ; si, même sans intention coupable, et par simple maladresse, ou par défaut de précaution, on a blessé quelqu’un, on est passible d’un emprisonnement de 6 jours à 2 mois, et d’une amende de 16 à 100 fr. (C. pén., art. 320). La personne qui a été blessée peut ne pas porter plainte, mais assigner celui qui a fait la blessure devant les tribunaux civils pour obtenir une indemnité pécuniaire ; si elle ne demande pas plus de 200 fr., elle peut citer devant le juge de paix ; si elle évalue le dommage à une somme supérieure, elle ajourne devant le tribunal de première instance. — On ne peut pas infliger impunément des blessures aux animaux. Voy. Animaux et Bestiaux.