Bois
(Sylviculture). — Pour la culture, l’aménagement, le droit et la législation, Voy. Forêts.
Lorsque l’on procède à l’abattage d’une coupe (Voy. Abattage), il ne faut pas perdre de vue que, bien que l’emploi du bois comme combustible soit le principal objet de l’exploitation d’un taillis, tous les partis que l’on pourra en tirer comme bois d’œuvre, sont plus avantageux que celui qu’il offre comme bois de chauffage ; un peuplier, p. ex., exploité en planches, donne quatre fois plus de produit en argent qu’exploité en bois de chauffage. Les taillis, outre le bois de chauffage, peuvent donner, comme bons produits, des cercles, des échalas, des perches, de l’écorce pour les tanneurs, du charbon, de la feuillée pour la nourriture des moutons. Les futaies fournissent les bois de fente, de sciage et d’équarrissage. On met également en bois de chauffage tout ce qui n’est pas propre à être travaillé, comme branchages, arbres gâtés, roulés, etc. Voy. Taillis, Futaie, etc.
Bois de chauffage (Économie domestique)
Le prix des diverses espèces de bois de chauffage varie comme leur qualité. Le chêne, le charme, le hêtre, le frêne et l’orme, sont les meilleurs bois à brûler, le dernier surtout ; ils donnent beaucoup de chaleur avec une flamme modérée, et en se consumant produisent une braise abondante qui se maintient compacte dans le foyer. Le bois neuf est sans contredit celui dont l’usage est le plus agréable et qui convient le mieux pour les cheminées des appartements. Le bois écorcé, connu aussi sous le nom de bois pelard, n’est pas moins bon que celui qui a son écorce, mais il s’allume plus difficilement. Le bois flotté est généralement regardé comme étant d’une qualité inférieure au bois neuf : c’est une opinion qui est contestée par les hommes spéciaux. S’il est vrai qu’il donne moins de chaleur que le bois neuf, comme il est plus léger que celui-ci, on en a une plus grande quantité pour une somme déterminée, quand on l’achète au poids. S’il est suffisamment sec, il brûle bien et avec beaucoup de flamme. On l’emploie principalement dans les cheminées des cuisines. Les bois blancs, tels que ceux de peuplier, de bouleau, de saule et de plusieurs autres arbres qui croissent au bord des cours d’eau, sont les plus légers et les moins bons : les boulangers et les pâtissiers les emploient pour le chauffage des fours. Le pin s’enflamme facilement et donne assez de chaleur, mais il dure peu : il a, de plus, l’inconvénient de pétiller tant que l’écorce brûle et de jeter au loin des étincelles. C’est, du reste, un inconvénient qu’il est facile d’éviter en faisant écorcer le bois. Le châtaignier pétille comme le pin, même quand il a été dépouillé de son écorce. Les arbres fruitiers fournissent un excellent bois de chauffage, mais le plus souvent ce bois est défectueux de forme, ce qui ne permet pas de le disposer convenablement dans les foyers. Du reste, quand ce bois est exempt de défauts, il est plus avantageux de l’utiliser comme bois d’œuvre pour la menuiserie, que de le brûler. On sait que les cendres fournies par la combustion du bois des arbres fruitiers sont riches en potasse et par conséquent très bonnes pour la lessive. Toutes les essences de bois venues sur les terrains arides sont d’une qualité supérieure à celles qui ont poussé dans des terres fertiles ; seulement elles n’ont jamais une forme aussi régulière. Le bois de pied est préférable au bois de branche, et le rondin au bois fendu. Le bois abattu depuis un an est assez sec pour être brûlé ; le bois abattu depuis 2 ans brûle mieux encore, mais il donne moins de chaleur.
Il y a deux manières d’acheter le bois de chauffage : au stère ou à la corde et au poids. On sait que le stère est un solide de 1 mètre cube , et que la corde, dans les forêts et les chantiers, est d’environ 4 stères (Voy. Corde). On donne à celle-ci 4 mètres de couche sur 0m,88 de hauteur, la longueur des bûches étant de 1m,14. Quand on achète du bois au stère ou à la corde, il importe que l’acheteur, pendant le mesurage, surveille la manière dont les bûches sont placées les unes sur les autres, et s’assure qu’il y a entre elles le moins de vides possible. C’est là souvent une cause de débats et de difficultés entre le consommateur et le marchand, difficultés qui n’existent plus si l’on achète le bois au poids. À Paris, la vente du bois de chauffage au poids est devenue d’un usage presque général, et, comme on a intérêt à acheter du bois qui soit bien sec, on devra donner la préférence aux chantiers dans lesquels il est à couvert. Voici, d’après des expériences consciencieuses, le poids d’un double stère ou d’une voie de bon bois de chauffage moyennement sec :
Chêne neuf de choix… 1 168 kilogr.
— dit cadet… 944 kilogr.
— ordinaire… 862 kilogr.
— pelard… 792 kilogr.
Charme… 804 kilogr.
Hêtre… 820 kilogr.
Orme… 800 kilogr.
Menuise de chêne… 708 kilogr.
Chêne flotté… 832 kilogr.
Le bois de chauffage, une fois acheté, doit être placé à l’abri dans un lieu sain où il ne puisse se détériorer, soit dans un bûcher destiné à cet usage, soit, à défaut de bûcher, dans un hangar, dans une remise. S’il est installé à la cave, il importe au moins qu’il ne soit ni mouillé ni humide quand on l’y dépose ; sans cette précaution, il s’échauffe et se pourrit. Un courant d’air contribue beaucoup à la bonne conservation du bois.
En forêt, le bois de brin de 50 à 60 centimètres de tour vaut par stère 10 fr., tandis que celui qui n’a que la moitié de cette grosseur ne vaut plus que 6 fr. Il n’est question ici que du chêne. Lorsque celui-ci vaut 10 fr., le stère du charme, du hêtre, de l’orme, vaut 8 fr. 50 c. ; le châtaignier et l’aune valent 6 fr. 50 c. ; le pin et le sapin, 6 fr. ; le tremble, 5 fr. — À Paris, en 1860, les bois de chauffage se vendaient aux prix suivants :
Bois flotté blanc, les 100 kil. : 4 fr. 50
Hêtre flotté, dit traverse : 4 fr. 70
Chêne ou charme lavé, dit bois gravier : 4 fr. 80
Bois neuf, rondin pour poêle, chêne ou charme : 5 »
Chêne, 2me qualité : 4 fr. 80
Hêtres en quartiers, ou fendu : 5 fr. 10
Chêne sans écorce, dit pelard : 5 »
Charme : 5 »
Orme : 5 fr. 50
Souches : 5 »
Ces prix ont peu varié depuis près de 10 ans : ils s’appliquent surtout au bois entier ou de longueur (1m14) ; le bois scié en 2, 3 ou 4 morceaux se vend un peu plus cher. Le bois qui a plus de 3 ans de coupe se vend aussi plus cher : il faut ajouter environ 50 c. par 100 kilog. — À Paris, le bois de chauffage est rendu franc de port à domicile ; mais le rentrage se paye à part sur le pied de 1 fr. par 1 000 kilogr. pour la cave et le premier étage, et de 30 c. en plus par chaque étage. Le sciage à domicile se paye 75 c. par trait de scie et par voie ou double stère. L’usage veut qu’on remette au concierge une bûche de choix par chaque double stère ; quand on achète le bois au poids, 1 000 kilos représentent environ 3 stères ou 1 voie et demie.
Bois d’œuvre
Les bois les plus estimés pour la charpente des maisons sont ceux de chêne et de châtaignier ; mais comme ils sont fort chers, on peut leur substituer le pin et le sapin, et, à leur défaut, l’érable, le tremble et même le peuplier. Pour le charronnage on emploie de préférence l’orme, le frêne, le charme, l’érable et le chêne. — La menuiserie emploie tous les bois qui se travaillent facilement au rabot ; mais ceux qu’elle préfère sont le chêne, le hêtre, le platane, l’orme, le noyer, le sycomore, le merisier, le tilleul, le poirier, le robinier, le frêne, le pin, le sapin et le peuplier. Les bois employés pour le tour et l’ébénisterie sont, outre les bois exotiques, le buis, le cormier, le poirier, l’alizier, le prunier, le merisier, le frêne, l’érable, le faux acacia, l’aune, etc.
Quel que soit le bois dont on veut faire usage, il faut qu’il soit parfaitement dépouillé de l’aubier, c.-à-d. de cette partie blanche et molle qui se trouve après l’écorce. Il faut faire attention à la carie qui ronge souvent le cœur du bois, aux nœuds mal joints au corps, aux taches jaunes et noires, en un mot n’employer jamais que des bois bien nets et bien secs, qui se scient facilement sans encrasser la scie.
Le bois se trouve chez les marchands : 1° en grume, c.-à-d. encore revêtu de son écorce, et non équarri, coupé cependant en tronçons ou en billes, dans les longueurs convenables pour les ouvrages auxquels ils peuvent être destinés ; 2° débité avec la scie (bois de sciage), et formant alors des madriers, des planches, des solives, suivant la forme qu’on leur a donnée en les débitant. L’acheteur qui veut faire un bon choix devra frapper chaque pièce aux deux bouts pour s’assurer si elle est bien sonore, enlever avec une hachette une partie de la surface, de distance en distance, pour examiner les fibres et la couleur. S ’il y a des fentes, c’est que le bois est trop vieux et qu’il commence à dépérir ; il faudra les sonder avec un fil de fer et si la sonde pénètre profondément dans le bois, le rejeter. S’il est possible de le faire, on devra percer la pièce jusqu’au cœur au moyen d’une tarière, pour s’assurer si l’intérieur est sain ou s’il n’est pas échauffé.
Voir pour plus de détails Sciage, Équarrissage et les noms de chaque espèce de bois.
Conservation des bois. Pour préserver le plus longtemps possible des effets de la pourriture les bois blancs destinés à être enfoncés dans la terre, il convient d’abord de les carboniser à une profondeur de 4 ou 5 millim. sur toute la surface qui doit être plongée dans le sol et même à 30 centimètres au-dessus : ensuite il faut les enduire de 3 ou 4 couches de goudron bouillant. Ce moyen convient surtout pour les tuyaux de conduite en bois placés sous terre, pour les tuteurs des plantes et des arbres, pour les échalas, les perches à houblon, les palissades, les clôtures, les barrières, et en général pour tous les bois exposés à un excès d’humidité.
Les traverses de bois ou billes qui supportent les rails de chemins de fer et les pilotis qui, dans les ports de mer, sont exposés à tant de causes de détérioration, sont soumis à diverses préparations dans le but de les rendre plus durables. Jusqu’à présent, le nitrate de fer dissous dans l’eau et absorbé par l’arbre encore sur pied, est la substance qui a donné les résultats les plus satisfaisants ; mais l’emploi de cette substance est trop dispendieux pour qu’il puisse se généraliser. En Angleterre, on se sert avec succès, pour conserver les bois qui doivent séjourner en terre ou sous l’eau, d’une sorte de bitume analogue à la créosote. Voy. Créosote.
Par un autre procédé peu coûteux et très efficace, le charbon sulfuré ayant été changé en charbon vitriolique est mis en contact avec le bois et attire l’humidité atmosphérique : étant également exposé à l’influence de la pluie, le sulfate de fer contenu dans le charbon est dissous et pénètre lentement et graduellement dans le bois qui s’en imprègne et qui, pour ainsi dire, se minéralise.
Bois rouge. Voy. Arbres (Maladies des).
Bois (Arboriculture)
Bois à balais. Voy. Bouleau ; — Bois à lardoire. Voy. Fusain ; — Bois de Sainte-Lucie. Voy. Mahaleb ; — Bois gentil Voy. Daphné.
Bois (Chasse)
Faire le bois. Lorsqu’on doit aller en quête du gibier afin de préparer la chasse, et que l’endroit est un peu éloigné, il faut la veille se rendre dans les environs. Si l’on avait le matin, avant de commencer son travail, 10 ou 12 kilomèt. à parcourir, on pourrait arriver trop tard, ou bien ressentir déjà un commencement de fatigue. Il est bon d’ailleurs de prendre dès la veille connaissance des cantons où le fauve va faire ses viandis.
Quelques veneurs sont dans l’usage de se rendre, avant le lever du soleil, sur le bord de l’enceinte où ils doivent chercher le gibier, et d’attendre la rentrée des animaux pour les juger par la vue. Cette méthode n’est pas sans inconvénients : comme il est impossible d’embrasser d’un coup d’œil tout de périmètre d’une enceinte de bois, le veneur n’a souvent pas connaissance de tous les animaux qu’elle renferme ; ce procédé ne doit être employé que quand les revoirs sont tellement mauvais qu’il serait impossible de recueillir à terre des empreintes. Le veneur se transportera donc au bord de la quête, peu d’instants avant le lever du soleil, et donnera, autant que possible, des facilités à son limier en le faisant passer dans les hautes herbes ou les buissons que le gibier peut avoir touchés de son pied ou de son corps et où il a dû laisser plus de sentiment. Il tâchera aussi de se donner autant que possible l’avantage du vent ; il commencera du moins sa quête par la lisière que les animaux traversent en revenant du viandis, en dirigeant sa marche de manière à avoir le vent bon en commençant.
Lorsque le limier se rabat sur une voie, avant de lui rendre du cordeau pour le laisser pénétrer sous bois, le veneur cherchera à terre à reconnaître l’empreinte qu’a laissée le pied de l’animal. Dès qu’il l’a trouvée, avec la pointe de la chaussure ou bien avec le bout de son fouet, il trace une raie en avant des pinces, s’il a reconnu la voie d’une biche, et en arrière du talon, s’il a jugé que c’est celle d’un cerf ; il dépose ses brisées basses et fait même des brisées hautes s’il craint que le vent ne les dérange ou que quelque passant ne les emporte (Voy. Brisée). Toutes les fois qu’on change de direction, toutes les fois que le bord de l’enceinte forme un détour, il faut placer une brisée dont l’extrémité cassée doit être tournée du côté vers lequel on se dirige. Lorsqu’on passe d’une allée dans une autre, il faut laisser une brisée dans l’allée que l’on quitte et en jeter une aussi dans celle où l’on entre. Quand on a rencontré un animal qu’on a jugé courable, et qu’on travaille pour le détourner, il faut tout autour de l’enceinte déposer des brisées doubles. Toutes les fois qu’on trouve des voies autour de l’enceinte, il faut les rayer : si ce sont des voies de cerf, on les raye derrière le talon ; si l’empreinte a été faite par le pied d’une biche, on raye en avant des pinces ; si la voie est de bon temps, il ne faut pas se contenter de la rayer, on y joint une brisée pour une biche, deux brisées pour un cerf ; si la voie est de hautes erres, il suffit de la rayer, mais il est important de le faire ; car il pourrait arriver que, si l’on revenait plus tard dans ce même endroit, cette voie eût été réchauffée par le soleil et qu’on la prit pour le passage d’un animal nouvellement entré dans l’enceinte ; au contraire, lorsque toutes les voies ont été bien soigneusement rayées, et que repassant par le même lieu, on trouve une empreinte qui n’est pas rayée, on est certain qu’un animal est entré dans l’enceinte, ou qu’il en est sorti.
Lorsque le veneur a placé sa brisée, il doit lâcher du cordeau à son limier, afin que celui-ci entre dans la coulée, et le laisser pénétrer dans l’enceinte d’une longueur et demie de cordeau environ ; cette précaution est importante, car quelquefois les animaux, pour mieux cacher leur retraite, entrent par une coulée et ressortent par le même endroit après avoir fait seulement quelques pas dans le bois : c’est ce qu’en appelle un faux rembuchement : il faut donc s’assurer que la voie perce en avant. Si l’animal a continué de marcher, le limier tirera sur son trait et le tiendra bandé ; mais si la voie s’arrête, le limier s’arrêtera également et le trait ne sera plus tendu ; peut-être même le limier, sans que le veneur ait la peine de le tirer, reviendra-t-il à lui. Il faut alors examiner à terre les foulées que doivent avoir faites les pieds de l’animal, voir les abattures et les portées, chercher tout ce qui peut servir à faire reconnaître le cerf et se rappeler qu’un vieux cerf se rembuche rarement par une coulée étroite : il faut aussi flatter le limier et le ramener doucement jusqu’au bord de l’enceinte. — Quelques veneurs, lorsqu’ils pensent avoir trouvé un animal courable, se mettent immédiatement à suivre le contre-pied, pour rencontrer des fumées et d’autres connaissances qui puissent aider à le juger d’une manière à peu près certaine. Il vaut mieux continuer à suivre le bord de l’enceinte pendant que le temps est favorable. Quand on se sera assuré que le gibier est resté dans la quête, on aura encore le temps d’aller lever des fumées.
Il peut arriver qu’on rencontre la sortie de l’animal dont on a déjà eu connaissance ; s’il a passé dans le canton où la quête doit être faite par un autre veneur, et qu’on voie par l’absence de brisées que celui-ci n’en a pas eu connaissance, on doit le houper et lui montrer cette voie. Si personne ne répond, après qu’on a appelé deux fois, on doit faire le tour de cette portion de bois, et s’assurer que le cerf n’en est pas sorti. Lorsqu’on est revenu aux premières brisées où l’on a eu connaissance de l’entrée du cerf dans le bois, sans avoir trouvé nulle part sa sortie, on peut présumer qu’il est resté dans l’enceinte et alors on dépose une troisième brisée.
Tout le circuit de l’enceinte est alors achevé, mais le veneur n’a pas encore terminé sa tâche. C’est à ce moment qu’il prend le contre-pied pour chercher les fumées ainsi que les reposées où l’animal a dû se mettre au ressui, avant de rentrer au fort. Il faut autant que possible suivre jusqu’à l’endroit où l’animal a fait sa nuit ; car la connaissance des herbes qu’il a viandées peut n’être pas sans importance. Un cerf repu de trèfle, de luzerne, ou d’herbes humides, ne pourra pas jeter des fumées bien dures ; celui, au contraire, qui aura fait sa nuit dans des blés, ou dans des grains mûrs, devra les jeter dures et dorées. Si donc, le veneur rencontre des fumées qui ne se trouvent pas en rapport avec le viandis, il doit hésiter à s’en rapporter à cette indication ; car il serait possible qu’elles eussent été déposées par un autre animal. Dans ce cas, il doit les relever soigneusement, les entourer d’herbe, et les placer dans le pavillon de sa trompe afin de les produire à l’appui de son rapport. — Si sa quête est d’une étendue assez considérable, il doit encore raccourcir l’enceinte : pour cela, il choisit une laie, un sentier à peu près parallèle au côté du pourtour par lequel le gibier est rentré ; et s’il n’en existe pas, il rentre sous bois, en s’avançant de manière à diminuer l’enceinte de moitié ou du tiers. Si en parcourant ce chemin, le limier ne se rabat pas, c’est que le cerf est resté au-dessous de la ligne qu’on trace. Si au contraire, le veneur rencontre la voie, il dépose à terre une triple brisée, suit le contre-pied, et il juge bien vite s’il est sur la passée du cerf qu’il a rembuché. Le limier qui a déjà goûté cette voie la suivra avec ardeur : le cordeau sera toujours tendu, et si le veneur est ramené aux brisées qu’il a jetées sur le bord de l’enceinte, il a acquis autant de certitude qu’il est possible d’en obtenir en pareille matière.
Quelquefois la terre est si sèche qu’il est impossible de trouver de connaissances pour juger le cerf : alors, il faut faire suite avec le limier, pour mettre le cerf sur pied ou, comme on dit, le lancer, et l’on va jusqu’à sa chambre, ce qui permet de porter un jugement sur sa grosseur : mais cette pratique est hasardeuse ; elle peut causer de l’effroi au cerf et le déterminer à vider l’enceinte. On ne doit donc y recourir que dans le cas d’une extrême nécessité. S’il se trouve dans la quête quelque biche, ou quelque jeune cerf, que le veneur ne juge pas courable, il doit en faire suite à traits de limier, mais le plus silencieusement possible, de manière à les éloigner. Enfin, quand toutes ces précautions sont prises, il doit encore parcourir le tour de son enceinte pour s’assurer que l’animal détourné n’a point été effrayé par le bruit et ne l’a pas quittée. Il doit veiller sur la limite aussi longtemps que possible et jusqu’au moment où il sera nécessaire de se rendre à l’assemblée pour faire son rapport.
Bois. Un veneur ne doit jamais se servir du mot corne pour désigner la ramure dont sont parés le cerf, le daim et le chevreuil. Les bois sont pleins dans toute leur longueur ; les cornes que portent certains animaux, tels que le bélier, le buffle, l’isard, ont des parties creuses, surtout à leur base. De plus, et c’est là la distinction la plus importante, les cornes ne tombent pas et ne se renouvellent jamais, tandis que les bois tombent tous les ans et repoussent en quelques mois pour donner à l’animal qui les porte des armes et une parure nouvelle. Voy. Tête.