Fumée
(Économie domestique). Depuis que l’emploi de la houille se généralise et tend à remplacer le bois même pour le chauffage des appartements, il serait à désirer, pour la conservation des mobiliers, tapisseries, dorures, etc., non seulement qu’on empêchât les cheminées de fumer (Voy. Cheminée), mais qu’on trouvât le moyen de diminuer cette énorme production de fumée qui, dans les villes manufacturières, s’échappe des cheminées des usines et qui retombe en une pluie noire sur les visages et sur le linge. Des ordonnances de police obligent les propriétaires d’usines de faire usage d’appareils fumivores : mais leur imperfection a rendu jusqu’à ce jour ces prescriptions illusoires. Néanmoins, en attendant de meilleures inventions, on ne saurait trop recommander certains appareils qui ne sont pas sans mérite. Tel est, en première ligne, l’appareil Duméry, aujourd’hui bien connu des industriels. Dans cet appareil, le combustible frais est poussé sous le combustible incandescent, au moyen d’une sorte de cornet métallique rempli de houille, manœuvré à la main par le chauffeur, ce qui prévient toute production de fumée. Vient ensuite le fourneau fumivore de MM. Drevet, Avizeau et Legrand, qui permet de réaliser avec beaucoup de simplicité la destruction presque complète de la fumée des foyers. Au lieu d’introduire le combustible en le plaçant sur la grille par une porte située au-devant du foyer, on le fait arriver par deux canaux verticaux disposés latéralement et qui s’élargissent à leur partie inférieure, afin que le combustible descende sans obstacle. Ces canaux étant chargés de houille, celle-ci tombe par le seul effet de son poids, et vient remplacer celle qui a disparu du foyer par suite de la combustion. À mesure qu’elle se rapproche davantage du lieu de la combustion, la houille s’échauffe, et éprouve une distillation partielle ; les produits volatils ou gazeux résultant de cette distillation étant contraints, par le tirage, de passer sur la grille, sont totalement brûlés ; d’où l’absence de fumée dans le foyer ainsi alimenté. L’ouvrier chargé de la conduite du fourneau n’a qu’à pousser, de temps en temps, au moyen d’un ringard, au milieu de la grille, le combustible qui arrive par les deux côtés. L’avantage principal de ce système, c’est qu’il n’exige aucun mécanisme particulier, et que l’on peut donner, sans aucun embarras, cette disposition nouvelle à un fourneau quelconque : il peut être installé partout sans difficulté, et même être appliqué aux cheminées d’appartement.
On doit signaler aussi le système Beaufumé, qui consiste à distiller les combustibles de quelque nature qu’ils soient, houille grasse ou maigre, anthracite, menu de houille, bois, etc., dans un vase de fonte donnant un accès partiel à l’air atmosphérique, et à diriger les gaz provenant de cette demi-distillation sous la chaudière à chauffer, où on les brûle au moyen d’une injection d’air convenablement réglée. Grâce à ce procédé, le tirage n’est plus nécessaire et on le supprime, car la soufflerie lance dans le foyer tout l’air exigé pour une combustion parfaite. Un tuyau de 1 ou 2 mèt., et, au besoin, un simple orifice pratiqué à la partie supérieure du foyer, suffisent pour donner issue aux gaz brûlés.
Fumées (Chasse). On juge les animaux, et surtout le cerf, par leurs fumées. Depuis le temps du rut jusqu’au printemps, les cerfs, quel que soit leur âge, jettent leurs fumées petites et noires ; aussi ne peuvent-elles pendant ce temps donner aucune indication utile. Mais au mois de mars la nourriture du cerf devient plus abondante et plus molle, les herbes qu’il broute sont remplies d’une sève abondante ; aussi les fumées sont-elles molles ; on dit alors qu’elles sont en bousards ; à la fin de mai, les herbes ont plus de consistance, les fumées deviennent un peu plus solides, elles sont en plateaux. Au commencement de juillet, elles tiennent encore entre elles, mais se séparent plus aisément, elles sont en troches. Au mois d’août, lorsque les grains sont mûrs, les fumées sont parfaitement formées ; elles prennent une couleur jaune, ce qui les a fait nommer fumées formées ou dorées ; quelquefois elles se tiennent par une espèce de glaire, on dit alors qu’elles sont en chapelet. Quelquefois elles sont pointues par le bout et aiguillonnées. Les jeunes cerfs sont toujours beaucoup moins avancés que les vieux ; ainsi, quand les vieux donnent leurs fumées en bousards, celles des jeunes sont encore sèches ; lorsque les vieux les donnent en plateaux, les jeunes commencent à peine à les déposer en bousards. Les fumées en chapelets sont toujours celles de vieux cerfs ; les jeunes ne se chargent jamais assez de venaison pour les jeter de cette manière ; cela arrive quelquefois aux biches, mais alors on y trouve un peu de sang, et celles des vieux cerfs n’en contiennent jamais. Les fumées des vieux cerfs sont généralement mieux moulées, plus lourdes et un peu ridées ; les jeunes cerfs au contraire les jettent en plus grande abondance, mais elles sont plus petites et l’aiguillon en est allongé, tandis que l’aiguillon du vieux cerf est gros et court. Quant aux biches, elles jettent presque toujours des fumées aiguillonnées par les deux bouts. Lorsqu’on ramasse des fumées, il faut s’assurer qu’elles sont de bon temps, ce que l’on reconnaîtra en les cassant ; celles qui sont de la veille exhalent une odeur de fermentation, et l’on y trouve de petits insectes.
Le daim est toujours en retard de trois semaines sur le cerf pour les fumées comme pour le rut. Quant au chevreuil, ses excréments, que l’on appelle des moquettes, ne peuvent servir à porter aucun jugement. — Les excréments du loup se nomment laissées, ceux de la loutre, épreintes. Voy. ces mots.