Aménagement
(Sylviculture). Les forêts peuvent être aménagées en futaies ou en taillis. L’aménagement en taillis se fait en coupes réglées qui reviennent à des époques déterminées, plus ou moins éloignées, suivant la convenance du propriétaire et suivant la nature du sol. — Dans une terre légère, calcaire, peu profonde, un jeune taillis pousse vigoureusement pendant les premières années, puis les recrues, par défaut d’aliment, cessent de s’accroître, elles durcissent ; les pousses annuelles se réduisent à rien. Au bout de 7 ou 8 ans, ce bois ne profite plus. Il faut donc le couper à cette époque et l’aménager à un petit nombre d’années. Qu’on se garde bien de défricher un pareil bois, ce serait condamner le sol à la stérilité. Il faut conserver les essences qui s’y plaisent le plus : ce sont toujours des espèces de peu de valeur, des bouleaux, des bois blancs, des morts bois. On en fait des bourrées pour le four, pour la cheminée, pour cuire le plâtre et la chaux. Un propriétaire qui s’obstinerait à pousser dans ce cas l’aménagement à 15 ou 18 ans, non seulement n’obtiendrait pas, au bout de ce terme, plus de matière à la coupe, mais encore verrait se dessécher nombre de vieilles souches qui détermineraient ainsi autant de vides ou de clairières. — Mais dans un bon fonds, lorsqu’à 25 ans le taillis est plein de vigueur, que ses jeunes pousses annuelles ont encore 1 ou 2 décim., et que l’écorce lisse des bonnes essences indique que les tiges continuent de prendre de l’accroissement en diamètre, il ne faut pas perdre de vue que si, dans les 25 ans écoulés, l’hectare de taillis a produit 240 stères, par exemple, il en eût produit 360 à 30 ans, et 600 à 40 ans.
Il ressort de ce qui précède, qu’un bois doit être aménagé en raison de la longévité que son sol peut procurer aux arbres qui y végètent.
Il est de règle qu’il ne faut mettre en futaie que les fonds qui ont de la consistance, et il n’est pas indifférent d’aménager indistinctement un bois en taillis ou en futaie. Par exemple, un taillis de 100 hectares , en sol médiocre, aménagé à 10 ans, pourra produire par hectare 50 stères de bois. Ce sera pour les 10 hectares exploités annuellement un total de 500 stères, qui, à 5 fr., feront une rente brute de 2500 fr. Qu’on suppose la même forêt aménagée en futaie à 100 ans. Chaque hectare exploité annuellement contiendra au moins 500 pieds d’arbres qui, à 24 fr. l’un, rendront, tant en bois d’œuvre qu’en bois de feu, une rente brute de 12 000 fr. — Plus un taillis est aménagé à long terme, plus il est nécessaire de veiller à ce que les brins ne se gênent pas mutuellement. Lorsqu’il est aménagé à 9 ou 10 ans, on laisse tout venir ; mais dans un taillis aménagé à 30 ans, malgré l’embarras, les frais et même le dommage momentané qui peuvent en résulter, il faut, lorsqu’il a atteint l’âge de 6 à 8 ans, procéder à un nettoiement qui, par la destruction des brins malvenants, des bois blancs, des broussailles, donne de l’air à la forêt et lui fait plus gagner en 2 ans qu’elle ne l’eût fait en 10, sans cette opération (Voy. Furetage et Essartage).
L’aménagement des taillis n’offre qu’une série d’opérations très simples : couper à blanc étoc toutes les essences, si c’est un taillis aménagé à 10 ans au plus, conserver par hectare, dans un taillis de 10 à 15 ans, une centaine des plus beaux brins, qui à la coupe suivante seront abattus pour faire place à de nouveaux baliveaux, sauf 15 à 18 des arbres les mieux venants que l’on réservera comme porte-graines, et qui tomberont au second retour de la coupe, c.-à-d. à trois âges ; enfin, si c’est un taillis sous futaie aménagé de 20 à 40 ans, renouveler à chaque coupe les baliveaux de différents âges. Voy. Taillis.
L’aménagement des futaies comprend les procédés de l’exploitation à tir et aire, de l’exploitation par éclaircie en jardinant, et de la méthode de repeuplement par éclaircies (Voy. Futaie). — L’exploitation à tir et aire se fait en abattant devant soi toute l’aire de la coupe, sauf 15 ou 20 baliveaux porte-graines que l’on conserve par hectare pour repeupler la forêt. Ces baliveaux ne sont abattus qu’à la coupe suivante. Soit une futaie de 100 hectares aménagée à 100 ans : chaque année on coupe un hectare à blanc étoc. Le bois étant enlevé au mois d’août qui suit l’exploitation, la coupe est mise en défend, c.-à-d. qu’on en interdit l’entrée aux troupeaux. Communément, les porte-graines ont repeuplé la coupe au bout de 10 ans, et si le sol est suffisamment garni pour empêcher l’évaporation, le jeune plant le recouvre tout entier, outre que nombre de rejets ont pris naissance sur les vieilles souches. Si dans les 10 premières années on remarque des clairières produites par défaut de semences, on procède au repeuplement de ces clairières par les semis artificiels ou les plantations (Voy. Semis et Plantations). Lorsque la jeune futaie est arrivée à l’âge de 20 ou 30 ans, on effectue un nettoiement comme pour les jeunes taillis. Seulement cette opération, qui porte le nom d’expurgade lorsqu’il s’agit de futaies, frappe sur un plus grand nombre d’individus, même de bonnes essences de second ordre, de manière à ce que le nombre des arbres conservés se réduise à 600 pieds par hectare, en éliminant soigneusement tout ce qui n’est pas essence de premier choix. — Ce mode d’aménagement n’est pas applicable aux espèces résineuses, qui s’exploitent toujours par la méthode d’éclaircies en jardinant. Voy. Éclaircies, Repeuplement, etc.
Le propriétaire d’une forêt peut l’aménager comme il lui convient. Il n’en est pas de même pour celles qu’il possède par indivis avec l’État, une commune ou un établissement public. (Voy. Forêts).