Arbres

(Arboriculture). On divise ordinairement les arbres en trois grandes classes : les arbres forestiers, les arbres d’ornement et les arbres fruitiers. — Pour ce qui regarde la sylviculture proprement dite, Voy. Forêts. On sait que beaucoup d’arbres forestiers sont employés pour la plantation des avenues et des allées : on les désigne alors sous le nom d’arbres d’alignement. Tels sont l’Orme, le Tilleul, le Peuplier, l’Acacia, le Frêne, le Hêtre, l’Érable, le Platane, le Sycomore ; on y ajoute quelquefois le Châtaignier, le Marronnier d’Inde, le Noyer, le Pommier, le Mûrier, et autres arbres, etc., qui appartiennent aux deux classes suivantes.

Au point de vue de l’horticulture, les arbres d’ornement se divisent en deux catégories, dont l’une comprend ceux qui sont de pleine terre sous le climat du centre de l’Europe, et l’autre ceux qui doivent passer l’hiver dans la serre ou dans l’orangerie. — Les arbres d’ornement de pleine terre doivent leur valeur, les uns à leur feuillage, les autres à leurs fleurs. Parmi les premiers, on distingue le Robinier ou Acacia inermis, c.-à-d. sans épines, qui ne fleurit pas en Europe, et prend de lui-même une forme arrondie ; le Hêtre noir, au feuillage pourpre foncé presque noir, les Gleditzia, dont le plus remarquable est le Macracanthos ou Couronne d’épines, qu’on connaît aussi sous le nom vulgaire de Févier de la Chine ; le Sophora du Japon, les Érables et les Virgiliers. À cette section se rattachent tous les arbres d’ornement à branches retombantes, notamment le Saule pleureur ou de Babylone, le Frêne pleureur et le Sophora pleureur. Ces deux derniers, quand on en régularise la forme au moyen de cerceaux de bois, deviennent des berceaux naturels impénétrables aux rayons du soleil. Le Néflier parasol prend de lui-même et sans être ni taillé, ni palissé, la forme qui lui a fait donner son surnom. Parmi les arbres qui doivent à leurs fleurs leur effet ornemental, on remarque surtout les Marronniers d’Inde, l’un à fleurs blanches maculées de rouge, l’autre à fleurs d’un rose vif ; le Cytise jaune, dit pluie d’or, et le Cytise rouge, d’une nuance saumonée ; presque tous les Robiniers, et surtout le blanc, le glutineux et le rose ; le Catalpa aux belles grappes de fleurs blanches marbrées de jaune vif et de pourpre ; le Paulownia imperialis, le seul de nos arbres d’ornement dont la fleur se rapproche du bleu ; le Tulipier de Virginie, aussi remarquable par sa floraison que par son feuillage. Dans un jardin paysager, on peut associer tous ces arbres de manière à faire ressortir avec tous ses avantages la beauté de leur feuillage ou de leur floraison. — Les arbres d’orangerie qui, pendant l’été, contribuent à décorer les grands jardins, et ceux qui, comme les Palmiers et les Cycadées, ne sortent en aucune saison de la serre chaude sous le climat de Paris, comprennent toute la flore forestière des tropiques (Voy. Serres). Les grands arbres des tropiques ne peuvent croître en Europe que dans des serres chaudes de grandes dimensions ; ils sont pour la plupart d’un prix très élevé et les frais nécessaires à leur culture les placent hors de la portée du commun des amateurs. — Enfin, une classe tout à fait séparée d’arbres d’ornement est celle des conifères, dont les feuilles sont remplacées par des aiguilles persistantes ; les plus remarquables sont, parmi ceux de pleine terre sous notre climat, les Cèdres du Liban et Deodora, le Pinsapo et le Cryptomeria du Japon ; et parmi ceux de serre tempérée, les Araucaria et les Cuninghamia.

Les arbres fruitiers offrent une très grande variété, selon la nature des contrées où ils croissent. En Europe, ils se divisent en deux catégories distinctes, celle des arbres à fruits à pépins, et celle des arbres à fruits à noyau. Les arbres à fruits à pépins, spécialement le poirier, le pommier et la vigne, ont une très grande importance, en raison de la valeur élevée et des usages variés de leurs produits (Voy. Poirier, Pommier, Vigne). Les arbres à fruits à noyau, Prunier, Cerisier, Abricotier, Pêcher, donnent aussi des produits d’une grande valeur, surtout ceux dont les fruits se conservent à l’état sec (Voy. Prunier, Cerisier, Abricotier, Pêcher). Dans le midi de la France, le Figuier et plusieurs autres arbres dont les fruits frais ou séchés ont beaucoup de valeur, ne se rattachent à aucune des deux catégories précédentes (Voy. Figuier, Oranger, Citronnier, Olivier). Il faut encore ajouter aux précédents les arbres à fruits drupacés ou à enveloppe, comme l’Amandier, l’Avelinier, etc. — Quand on veut acheter des arbres fruitiers pour les planter soit en espalier, soit en plein vent, il convient de s’adresser aux horticulteurs qui se sont fait dans ce genre d’industrie un nom recommandable. Les grandes pépinières des environs de Paris livrent au commerce et aux particuliers de très bons produits à des prix modérés.

Lorsque des arbres doivent être transportés à des distances éloignées, il importe qu’ils soient convenablement emballés. Si les arbres sont en forme de pyramides ou de fuseaux, on les réduit au moindre volume possible, à l’aide de liens d’osier et en rapprochant du tronc les branches latérales. Pour les arbres qui, par leur forme, sont destinés à l’espalier, on les empile les uns sur les autres sans les froisser, et les branches latérales qu’on relève sont rattachées les unes aux autres. Dans tous les cas, il faut remplir les vides intérieurs avec de la mousse ou du foin, et ensuite revêtir chaque colis d’une épaisse chemise de paille longue, solidement maintenue par des attaches d’osier. Voy. Emballage.

Arbre d’argent. Voy. Protée ; — Arbre à chapelet. Voy. Azédarach ; — Arbre à la cire. Voy. Cirier ; — Arbre à fraises. Voy. Arbousier ; — Arbre à franges. Voy. Chionanthe ; — Arbre de Judée. Voy. Gainier ; — Arbre au lis. Voy. Tulipier ; — Arbre de neige. Voy. Chionanthe et Viorne ; — Arbre à perruque. Voy. Sumac (Fustet) ; — Arbre au poivre. Voy. Gattilier ; — Arbre saint. Voy. Azédarach ; — Arbre de soie. Voy. Acacie ; — Arbre de vie. Voy. Thuya.

Culture des arbres. Voy. Pépinières, Semis, Plantations, Élagage, Taille, etc.

Maladies et altérations des arbres

1° Plaies et contusions

Les plaies des arbres, qu’elles proviennent du choc d’une voiture, de la dent d’un animal, d’un élagage mal fait, ou de toute autre cause extérieure, sont toujours dangereuses, et souvent mortelles, surtout si on les laisse exposées au contact de l’air, à l’action du froid ou de la chaleur. Il faut d’abord laver la plaie et la nettoyer au vif ; ensuite, on y applique, sous forme d’emplâtre, un onguent dont voici la formule : cire jaune, 340 gr. ; fond de cruche d’huile, 340 gr. ; suif ou graisse, 160 gr. ; goudron, 160 gr. ; ces substances doivent être fondues ensemble et épaissies avec quelques poignées de suie de tuyau de poêle bien écrasée et tamisée. Cet engluement a l’avantage de se conserver toujours à l’état de pâte et de pouvoir facilement s’appliquer au moyen d’une spatule ou d’un pinceau. À défaut d’onguent, on peut employer de la terre glaise, de l’argile, ou tout simplement un mélange de boue et d’excréments d’animaux : seulement ce remède a l’inconvénient de se fendre en se desséchant, et d’être souvent entraîné par les pluies. On doit avoir soin, lorsque l’arbre est précieux, de placer un morceau de toile entre le bois et l’onguent. — Voy. aussi Déchirures et Fractures.

2° Ulcère, Chancre ou Gouttière

Lorsque la sève d’un arbre vient à s’écouler, soit naturellement, soit à la suite d’une plaie, sous la forme d’une liqueur brune et âcre, elle altère progressivement l’écorce et le corps de l’arbre et ne tarderait pas à le faire périr, si l’on ne s’empressait d’y apporter le remède suivant : on enlève à vif toute la partie altérée, de manière à obtenir une coupe bien nette sur du bois bien sain. On laisse cette plaie à l’air pendant deux jours pour en dessécher la superficie, et on y applique ensuite un enduit qui se compose de poix grasse pour une moitié, et pour l’autre moitié, de cire jaune, de suif et de cendres tamisées par égales parties. Cet onguent s’emploie suffisamment chaud, et s’applique avec une brosse ou un pinceau. On peut aussi faire usage de l’engluement indiqué ci-dessus.

Les arbres fruitiers sont sujets à des chancres qui les affaiblissent peu à peu et qui finissent par les faire périr. On les traite comme il vient d’être dit ; on peut aussi appliquer sur la plaie mise à vif et bien nettoyée du sel d’oseille dont on fait pénétrer le suc dans le bois.

3° Carie

Elle affecte surtout le corps ligneux des vieux arbres. C’est dans le cœur des grosses branches et au centre du tronc lui-même que cette désorganisation se manifeste. Un arbre, atteint de carie, n’est bon qu’à être abattu.

4° Empoisonnement

Des plantations, dans les villes et dans le voisinage des fabriques de produits chimiques, périssent souvent tout entières. Si le mal est causé par des fuites de gaz, le remède consiste naturellement dans la réparation des conduits ; mais cela ne suffit pas toujours, et il faut souvent que la terre saturée d’hydrogène carboné soit renouvelée. S’il est le résultat d’un dégagement continuel de vapeurs ammoniacales, le seul remède est d’arracher les arbres et de ne pas les remplacer. Il arrive aussi qu’on recharge un terrain planté d’arbres pour se défaire de démolitions ou de déblais. Les arbres, dont le pied se trouve ainsi enterré, cessent de profiter ; ils languissent et périssent par asphyxie de leurs racines. Si l’on tient à conserver la plantation, il faut enlever le remblai et labourer le sol à la greffoir pour rétablir la communication de l’air avec les racines.

5° Roulure

C’est une solution de continuité entre les couches concentriques d’un arbre. La surface du bois se dessèche, et les couches annuelles qui se succèdent ensuite sous l’écorce restent toujours désagrégées. Quand le bois d’un arbre est atteint de la roulure, il n’est plus propre à être employé en charpente, ni en sciage ; mais on peut en tirer parti pour faire du merrain.

6° Cadranure

Ici, la solution de continuité a lieu du centre à la circonférence. Quelles que soient les causes de cette lésion, on a remarqué qu’elle se rencontre plus fréquemment dans les arbres sur le retour (Voy. n° 11). On peut supposer qu’un arbre sur pied est cadrané lorsqu’il se couvre de mousses, de lichens, de champignons, de bourrelets, de gerçures, de gouttières par lesquelles l’eau de pluie s’insinue sous l’écorce. On est quelquefois obligé de débiter le bois cadrané pour le chauffage. Lorsqu’il n’est pas trop gâté, on en fait du merrain, des douilles ou des lattes.

7° Gélivure

L’orme est plus sujet que les autres arbres à cette maladie. Les arbres gélifs, c.-à-d. dont l’aubier a été désorganisé par suite de congélation sont impropres à la charpente. Dès qu’on s’aperçoit qu’un arbre est attaqué de gélivure, on doit recourir à la cognée. — Arbres gelés. Il arrive assez fréquemment que des arbres expédiés à de grandes distances, sont surpris en route par des gelées dont les racines ont beaucoup à souffrir. Quand ils sont arrivés à leur destination, on ne peut pas songer à les planter dans l’état où ils se trouvent, car il est à peu près certain qu’ils ne reprendraient pas. Mais on doit bien se garder aussi de les réchauffer brusquement ; ce serait le moyen de les faire périr. Il faut, au contraire, les placer dans un lieu obscur et très frais, les y laisser pendant quelque temps, les transporter ensuite dans un endroit un peu moins frais que le précédent et les amener ainsi sans transition brusque à supporter une température plus élevée. C’est alors seulement qu’on peut procéder à la plantation avec quelque chance de succès.

8° Couronnement ou Décurtation

Un arbre dont la cime vient à mourir est un arbre couronné : il n’est bon qu’à être coupé ; il ne peut plus croître en hauteur et la qualité de son bois ne peut que s’altérer. Un arbre qui se couronne par la tête se couronne presque toujours en même temps par les racines et cet accident arrive plus fréquemment aux arbres à racine pivotante qu’aux autres arbres. — Quand un arbre perd sa cime par suite d’un événement fortuit, si elle est cassée par le vent ou brisée par la foudre, l’arbre n’est pas perdu pour cela : on peut le plus souvent lui refaire une autre tête avec une de ses grosses branches, et si cela est impossible, l’arbre continue de croître sinon en hauteur, du moins en grosseur. — Le couronnement volontaire, ou décurtation, se pratique comme système de culture. Voy. Élagage progressif, saule, têtards, etc.

9° Double aubier. Aubier faux

Dans les terrains maigres et les clairières, pendant les grands froids ou les sécheresses prolongées, il arrive souvent que l’aubier d’un arbre vient à périr en tout ou en partie, sans que l’on puisse assigner une cause à ce mal. La sève continue de circuler, l’écorce de produire chaque année une nouvelle couche d’aubier qui se convertit en bois à la longue comme cela avait lieu avant que l’altération ne se produisit. Un pareil arbre est perdu pour la charpente. On peut cependant en tirer parti pour la fente, pour le charronnage, ou enfin pour le feu.

10° Bois rouge

Le cœur du chêne, lorsqu’il est d’un rouge de brique et qu’il conserve cette teinte en séchant, est attaqué d’une sorte de carie sèche qui le rend impropre à tous les services. Il brûle mal et noircit au feu. On reconnaît qu’un chêne est atteint de cette maladie lorsque la tige se garnit de petites branches menues et courtes depuis le pied jusqu’au sommet. Il faut l’abattre sans tarder.

11° Arbre sur le retour

On ne doit jamais laisser entrer un arbre dans cette période de décroissance et de caducité, à moins qu’on ne veuille le conserver comme arbre d’agrément. On reconnaît qu’un arbre est sur le retour, lorsque ses branches sont penchées vers la terre et que surtout les pousses de la dernière année sont longues et vigoureuses. Comme le bois d’un arbre, arrivé à cette période, est plus léger dans le cœur qu’à la circonférence, il est essentiel, pour l’employer en charpente, de le scier en quatre afin que le centre forme l’angle de l’équarrissage. — Voy. aussi Blanc, rouge, noir, gomme, etc.

12° Dégâts causés par les insectes

Le seul moyen d’atténuer les ravages causés par les insectes dans les forêts, c’est de ne pas détruire sans mesure et sans motifs les petits quadrupèdes et les oiseaux qui se nourrissent presque exclusivement d’insectes : tels sont le hérisson, le blaireau, la musaraigne, l’écureuil, les pics, les merles, les mésanges, les rossignols, les pinsons, les corbeaux. On a conseillé avec raison de conduire les porcs dans les bois où ils dévorent les larves qui sont à la surface de la terre, ou cachées sous la mousse ; d’y conduire également les dindons ; d’écraser les hannetons, les chenilles, de faire la guerre aux papillons, etc. Tous ces moyens sont bons ; mais c’est la nature elle-même qui seule peut susciter à ces parasites des causes efficaces de destruction.

Législation

Un propriétaire peut librement planter, exploiter, disposer, abattre comme il l’entend des arbres dans l’intérieur de sa propriété. Son droit n’est limité que quant aux arbres plantés à l’extrémité de ses fonds ou sur le bord d’une route.

Les arbres d’une propriété ne peuvent être placés qu’à une certaine distance du fond limitrophe ; cette distance varie suivant qu’il s’agit d’arbres à haute tige, c.-à-d. toutes les essences susceptibles de s’élever à plus de 4 mèt. de haut, ou d’arbres à basse tige, c.-à-d. ceux qui ne peuvent dépasser 4 mèt. Ordinairement, la distance est déterminée par les règlements et les usages locaux. En l’absence de ces règlements, on ne peut planter d’arbre à haute tige qu’à la distance de 2 mèt. de la ligne séparative des deux héritages (C. Nap., art. 671).

Aucun arbre à haute tige ne peut être planté au bord des fleuves et rivières navigables ou flottables autrement qu’à bûches perdues, qu’à la distance de 10 mèt. du côté du chemin de halage, et, du côté opposé, qu’à celle de 3m,33. La distance de 2 mèt. suffirait, si la rivière était flottable seulement à bûches perdues. — Les arbres à basse tige peuvent être plantés à la distance seulement d’un demi-mètre du fonds voisin (art. 671). La distance se mesure à partir du milieu du tronc de l’arbre jusqu’à la ligne qui sépare les deux héritages. S’il y a sur cette ligne une haie, un fossé appartenant à celui qui fait la plantation, on doit comprendre dans la distance non seulement toute leur épaisseur, mais encore le terrain laissé pour l’égout du mur, le franc bord du fossé ; si ces objets sont mitoyens, on mesure la distance à partir du milieu du mur, de la haie ou du fossé. Si c’est un ruisseau qui sépare les deux fonds, la distance se mesure de la rive opposée au propriétaire du ruisseau, et à partir du milieu, si le ruisseau est mitoyen ; si c’est une rivière non navigable ni flottable, à partir de la rive la plus proche de la plantation.

Le voisin peut exiger que les arbres plantés à une distance moindre que celle qui est prescrite soient arrachés (art. 672). Toutefois, ils peuvent être conservés s’ils ont plus de 30 ans : mais s’ils meurent ou sont abattus après cet âge, ils ne peuvent être replantés qu’à la distance légale. Lorsqu’un fonds ayant appartenu à une seule personne est ensuite divisé en plusieurs parties, chaque propriétaire partiel ne peut exiger que les arbres existants soient, à son égard, reculés à la distance légale. — Si celui à qui appartient une haie y plante des arbres sans observer la distance, le voisin peut le contraindre à les abattre. Les arbres qui se trouvent dans une haie mitoyenne sont mitoyens comme la haie : chacun des deux propriétaires a le droit de requérir, non qu’ils soient arrachés, mais qu’ils soient abattus (art. 673).

Le propriétaire dans le terrain duquel s’étendent les racines des arbres, même de ceux plantés à la distance légale, a le droit de couper lui-même les racines (art. 672), sans aucune demande ni formalité préalable. S’il a à réclamer la réparation du dommage que lui aura causé l’envahissement des racines, il doit le faire avant que celles-ci soient arrachées, afin que les experts puissent apprécier le dommage. — Il n’en est pas des branches comme des racines : celui sur la propriété duquel elles avancent ne peut pas les couper lui-même ; il a seulement le droit d’exiger de son voisin qu’il les coupe (art. 672) ; en cas de refus, il peut le citer devant le juge de paix. Les rejetons, pousses ou accrues des arbres, appartiennent au propriétaire du terrain sur lequel ils se produisent, sauf au voisin le droit de les faire arracher s’ils ne se trouvent pas à la distance prescrite.

Le propriétaire des arbres a droit aux fruits, même de ceux des branches s’étendant sur le fonds limitrophe ; le voisin ne peut en recueillir aucun, pas même ceux qui tomberaient sur son fonds ; il doit, moyennant indemnité, ouvrir au propriétaire des arbres un passage pour la récolte des fruits. Les fruits des arbres mitoyens appartiennent à l’un et à l’autre propriétaire, pour les branches s’étendant sur leurs fonds respectifs. Chacun recueille les fruits qui tombent naturellement sur son terrain, sans que la main de l’homme y ait contribué.

Les arbres bornes plantés entre deux immeubles pour en marquer la limite sont mitoyens et ne peuvent être arrachés que du consentement commun des deux propriétaires.

Quand on veut planter le long des routes, chemins vicinaux, rues, places, voies publiques, il faut demander un alignement (Voy. ce mot) ; on doit observer la distance prescrite alors par l’autorité administrative, sous peine d’amende et de confiscation des arbres. Des règles particulières sont prescrites pour les plantations des routes nationales, des routes stratégiques et des routes départementales ; voici celles qu’il importe le plus aux propriétaires de connaître : les routes qui ne sont pas encore plantées et qui peuvent l’être sans inconvénient, le sont par les propriétaires riverains dans la traversée de leur propriété respective, et ils restent propriétaires des arbres qu’ils ont plantés. Les arbres doivent être plantés à la distance d’au moins un mètre du bord extérieur du fossé, conformément à ce qui aura été réglé par l’arrêté préfectoral, et sous la surveillance des ingénieurs des ponts et chaussées. On doit, sur la seule réquisition de l’ingénieur en chef, remplacer, dans les trois derniers mois de l’année, les arbres morts ou manquants. Si, à l’expiration du délai fixé par le préfet, la plantation n’est pas effectuée, ou si elle n’est pas conforme aux dispositions prescrites pour les alignements, pour l’essence, la qualité, l’âge des arbres à fournir, le préfet ordonne l’adjudication des plantations non effectuées ou mal exécutées, et celui à la place de qui la plantation est opérée est condamné à une amende de 1 fr. par pied d’arbre replanté, indépendamment du remboursement des frais de plantation. Les arbres plantés sur le terrain d’une route ne peuvent être coupés et arrachés qu’avec l’autorisation du ministre des travaux publics, sur la demande du préfet, après que le dépérissement des arbres a été constaté par les ingénieurs, et toujours à la charge du remplacement immédiat ; tout propriétaire qui a coupé sans autorisation, arraché ou fait périr les arbres de la route plantés sur son propre terrain est condamné à une amende égale au triple de la valeur, de chaque arbre détruit. — Quant à l’élagage des arbres, Voy. Élagage.

Les arbres sont des propriétés auxquelles il est défendu de porter atteinte, sous des peines justement sévères. Quiconque abat un ou plusieurs arbres, qu’il sait appartenir à autrui, est puni d’un emprisonnement de six jours à six mois, à raison de chaque arbre, sans que la totalité de la peine puisse excéder cinq ans (C. pén., art. 445). Les peines sont les mêmes à raison de chaque arbre mutilé, coupé ou écorcé de manière à le faire périr (art. 446). La destruction d’une ou plusieurs greffes entraîne un emprisonnement de six jours à deux mois à raison de chaque greffe, sans que la totalité puisse excéder deux ans (art. 447). Le minimum de la peine serait de 20 jours dans les cas prévus par les articles 445 et 446, et de 10 jours dans le cas prévu par l’article 447, si les arbres abattus ou mutilés étaient plantés sur les places, routes et chemins, rues ou voies publiques, vicinales, ou de traverse (C. pén., art. 448).

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