Abri

(Horticulture). Les abris les plus usités pour garantir les plantes contre le froid, le soleil ou les vents violents, sont les cloches et les châssis vitrés. Les haies vives ou mortes ayant seulement pour objet de procurer un peu d’ombre et de rompre les courants d’air, forment un genre d’abri spécial sous le nom de brise-vent (Voy. Brise-Vent).

Les cloches les plus communes sont de verre, d’un diamètre de 0,50 m à l’ouverture, munies d’un bouton à leur partie supérieure. Leur fonction principale est de hâter le grossissement et la maturité des melons ; elles sont d’une grande utilité pour élever le plant de choufleur et de toute espèce de salades de primeur. On emploie aussi, mais principalement pour la multiplication des végétaux d’ornement, des cloches composées de compartiments de verre réunis par des bandes de plomb et soutenus par une légère charpente en fer. Ces cloches, connues sous le nom de verrines, coûtent plus cher que les cloches de verre d’une seule pièce ; mais elles offrent sur celles-ci plusieurs avantages : elles sont beaucoup plus durables ; si l’un de leurs carreaux vient à être cassé, on peut le réparer ; enfin, plusieurs de leurs compartiments s’ouvrent à charnière, ce qui permet d’aérer plus ou moins les plantes selon le besoin. Souvent, au printemps, les primeurs et les plantes délicates ne sont pas suffisamment garanties par les cloches et les verrines contre les gelées tardives ou les coups de soleil, il faut jeter alors par dessus une couche de vieille paille, de litière ou de fumier non consommé ; c’est ce qu’on appelle paillis ou paillage. On les couvre aussi de paillassons, de fougère, de mousse, de feuilles sèches, etc. L’humidité qui, pendant les nuits froides, se condense à la surface intérieure du verre, en retombant le matin en gouttes d’eau glacée sur les feuilles des plantes, leur causerait un grave préjudice ; il faut donc, de bonne heure, et, dès que la température extérieure le permet, soulever les cloches et les verrines et les essuyer à l’intérieur. — On donne improprement le nom de cloches à des abris cylindriques, soit entiers, soit ouverts d’un côté, découverts au sommet, qu’on fabrique en osier ou en paille tordue. Ces cylindriques ont quatre supports de bois affilés par le bout, qui servent à les maintenir en place, en s’enfonçant dans la terre de la plate-bande. On les emploie surtout pour entourer les végétaux transplantés, jusqu’à ce qu’ils aient repris racine dans leur nouvelle position. Pour les plantes peu délicates, il suffit d’un simple pot à fleurs renversé qu’on enlève dès que le plant mis en place paraît avoir bien repris. — Pendant l’hiver, on peut préserver de l’action du froid les végétaux exotiques, en employant un procédé fort simple. Il suffit de rapprocher les branches de la tige, de soutenir celle-ci avec un ou deux tuteurs, de jeter un peu de litière ou de feuilles sur le sol au pied de la plante, et d’envelopper le tout d’une espèce de chemise de toile ou d’étoffe mouillée ; ce sac se trouve immédiatement saisi par la gelée, et la couche de glace dont il est couvert ne permet pas au froid de pénétrer jusqu’à la plante. On peut aussi maintenir en pleine terre pendant l’hiver presque tous les arbrisseaux de serre tempérée, en mettant au pied de ces arbustes du sable fin de rivière, dans la proportion de 2 décalitres par pied un peu fort, ou bien encore en les abritant d’une litière de paille ou de feuilles sèches qu’on répand sur le sol, et qu’on amoncelle vers le collet de l’arbuste. Enfin, on peut remplacer les cloches en verre par des cloches en papier huilé ou en papier gommé, soutenu par des fils de fer ou par de l’osier dont les brins soient assez longs pour se fixer dans la terre. Souvent encore on place dans le sol deux baguettes d’osier courbées en croix, et on les couvre de papier huilé ou de calicot gommé, dont les bords sont retenus par des pierres. Ces cloches coûtent 15 centimes en papier, et 25 centimes en calicot.

Les châssis sont composés d’un coffre en bois, plus bas sur le devant qu’à sa partie postérieure, d’une longueur variable à volonté, et d’une largeur de 1,30 m. Cette largeur ne peut guère être dépassée, parce que le jardinier aurait trop de peine à atteindre toutes les plantes croissant sous des châssis d’une plus grande largeur. Les panneaux du coffre doivent poser sur des barres de bois de chêne creusées en rigoles pour l’écoulement de l’eau ; ils sont munis sur le devant d’une poignée de fer qui permet de les soulever au besoin, en les maintenant avec un support en bois à crémaillère, afin d’aérer l’intérieur des châssis. La chaleur humide à laquelle le bois des coffres et des panneaux est constamment exposé, rend les châssis de bois peu durables, quelque soin qu’on puisse prendre de les peindre à l’huile au dedans comme en dehors. L’usage des châssis en tôle commence à se répandre ; il deviendrait général si le prix en était moins élevé. Une innovation fort ingénieuse consiste à donner aux panneaux qui recouvrent les châssis de tôle, une disposition analogue à celle des persiennes ; dans ce cas, les feuillets mobiles sont de verre au lieu d’être de bois. Lorsqu’ils sont bien ajustés et que le verre en est suffisamment épais, ces feuillets se redressent à volonté pour donner de l’air aux plantes, sans risquer de se casser. La surface intérieure des châssis, chargée d’humidité après une nuit froide, doit être essuyée tous les matins. La litière sèche et les paillassons s’étendent au besoin sur les châssis comme sur les cloches. — Le châssis posé sur une partie de plate-bande ou sur une couche sourde est un châssis froid ; il prend le nom de châssis tiède et de châssis chaud, selon qu’il recouvre une couche tiède ou chaude ; dans ces deux cas, il fait l’office d’une serre, dans des proportions réduites. Voy. Bache, Couche et Serre.

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