Acclimatation

(Économie rurale). De nos jours, on travaille activement à l'acclimatation en Europe de tous les animaux et de tous les végétaux utiles des autres parties du monde. Peupler nos champs, nos forêts, nos rivières d'hôtes nouveaux, augmenter le nombre de nos animaux domestiques, accroître et varier nos ressources alimentaires, créer de nouveaux produits économiques et industriels, telle est l'œuvre à laquelle les efforts de tous doivent concourir.

La naturalisation, dans un pays, d'espèces propres à des localités analogues, sous le point de vue climatologique, peut se faire sans de très grandes difficultés. Il n'en est pas de même de l'acclimatation d'une espèce animale ou végétale dans une région très différente de celle de sa patrie originaire. Pour ce qui regarde les animaux, le procédé est assez simple. On fait passer graduellement l'espèce qu'on veut acclimater du point de départ, dont le climat est ordinairement plus chaud, au point d'arrivée sous un climat plus froid. Par des soins attentifs et intelligents, on favorise la multiplication des animaux ; et, si ce premier point est obtenu, dès la seconde ou la troisième génération, le problème est résolu. C'est ainsi qu'ont été récemment acclimatés, en France, le yak ou bœuf à queue de cheval de l'empire chinois ; le lama, la vigogne et l'alpaga de l'Amérique du Sud, le kangourou de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, les poules de la Malaisie et de la Cochinchine, les colins de la Californie ou perdrix d'Amérique, plusieurs espèces nouvelles de vers à soie, etc. C'est ainsi que nos étangs et nos rivières commencent à s'enrichir de poissons jusqu'alors inconnus en France (Voy. Pisciculture).

Pour acclimater les animaux, le point essentiel, c'est d'être parfaitement informé des conditions générales d'existence de chaque animal dans son pays natal, de le placer autant que possible dans les mêmes conditions à son arrivée, et de ne modifier que par degrés son régime alimentaire.

L'acclimatation des végétaux offre beaucoup plus de difficultés. Leur tempérament ne paraît pas pouvoir se modifier lorsqu'on les transplante d'un pays dans un autre, sous des climats différents. Ainsi, le pois, la fève, le haricot, originaires de l'Hindoustan, apportés en Europe depuis tant de siècles, ne supportent pas mieux le froid que le jour où ces plantes ont été introduites sous notre climat pour la première fois. On en peut dire autant d'une foule de plantes d'ornement, très anciennement cultivées dans nos parterres, telles que la capucine et la balsamine, qu'une température de 0° fait immédiatement périr. Il n'y a donc pas, à proprement parler, d'acclimatation des végétaux ; on ne peut que rechercher les plantes utiles étrangères, et les propager sous les climats analogues à celui de leur pays natal (Voy. Naturalisation). On peut aussi, par la voie des croisements entre espèces voisines d'un tempérament différent, faire naître des variétés rustiques, et arriver, pour quelques végétaux d'utilité ou d'ornement, à des résultats analogues à ceux de l'acclimatation. Voy. Hybridation.

Il existe, en France, depuis 1854, une Société zoologique d'acclimatation, dont le siège est à Paris, rue de Lille, n° 19. Le but de la Société est de concourir : 1° à l'introduction, à l'acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux utiles ou d'ornement ; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées. Elle s'occupe aussi de l'introduction et de la multiplication des végétaux utiles. — La Société confie aux membres qui en témoignent le désir les animaux ou végétaux dont elle dispose. Elle distribue des récompenses et des encouragements. Elle publie un Bulletin mensuel de ses travaux. — Pour faire partie de la Société, il faut être présenté par trois membres sociétaires, qui signeront la proposition de présentation, et être admis à la majorité absolue des membres du conseil. Chaque membre paye : 1° un droit d'entrée fixé à 10 fr. ; 2° une cotisation annuelle de 25 fr., qui peut être remplacée par une somme de 250 fr. une fois payée. La Société reconnaît des sociétés affiliées et des sociétés agrégées. — Les personnes qui croient avoir droit aux récompenses ou encouragements de la Société, doivent envoyer franco, avant le 1er décembre au siège de la Société, les pièces destinées à faire connaître les résultats qu'elles ont obtenus. Elles doivent mettre la Société en mesure de constater ces résultats, soit par elle-même, soit par l'intermédiaire des Sociétés affiliées ou correspondantes, ou des délégués, ou, en cas d'impossibilité, envoyer des procès-verbaux ou autres documents authentiques, propres à tenir lieu d'examen direct. V. Supplément.

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