Accordeur
(Musique). Les instruments à vent n'ont pas besoin d'être accordés ; les instruments à corde, comme la basse, le violon, la guitare, peuvent être accordés par la personne même qui en joue : pour cela, on n'a qu'à faire résonner les cordes à vide deux à deux ; les sons résultants doivent former des accords de quinte juste que l'oreille apprécie facilement et qu'on obtient en tendant plus ou moins les cordes. L'orgue, et surtout le piano, réclament la main d'un accordeur. Ce qui fait la difficulté d'accorder ce dernier instrument, c'est que, outre qu'il a trois cordes pour chaque son, la même corde devant donner en même temps le son de la note supérieure bémolisée et le son de la note inférieure diézée, l'oreille est obligée de prendre un tempérament entre ces deux sons, qui ne sont pas identiques. On ne peut donc accorder un piano soi-même que lorsqu'on a acquis assez de pratique musicale pour ne pas errer dans l'appréciation des sons. Cependant, comme il peut se faire, à la campagne surtout, qu'on n'ait point d'accordeur à sa disposition, nous essaierons de faire comprendre comment on peut accorder cet instrument.
Premier procédé. On part d'une note quelconque, ordinairement le la de la 3e octave ou octave du milieu, et après avoir mis à l'unisson les trois cordes de cette note, on fixe l'octave supérieure, puis on accorde la quinte la, mi ; on prend l'octave inférieure de mi et on accorde la quinte mi, si ; en continuant, on ajuste l'octave de si et la quinte si, fa# ; l'octave de fa# et la quinte fa#, ut#. Après avoir frappé l'accord parfait de la majeur (la, ut#, mi) pour vérifier si les cordes ont la tension convenable, on continue comme ci-dessus : on prend l'octave inférieure de ut# et on accorde la quinte ut#, sol# ; on prend l'octave de sol# et, après avoir frappé l'accord mi, sol#, si, mi, on accorde la quinte sol#, ré#, qu'on vérifie en frappant l'accord si#, ré#, fa. Quand on a obtenu de cette manière les notes de la gamme la, mi, si, fa#, ut#, sol#, ré#, on suit une autre marche et on prend les accords par quarte dans l'ordre suivant : la, ré, (on frappe ré, fa#, la) ; ré, sol (on frappe sol, si, ré, sol) ; sol, ut, (on frappe ut, mi, sol) ; ut, fa (on frappe fa, la, ut, fa) ; fa, sib (on frappe sib, ré, fa) ; sib, mib, et, pour vérification finale, on s'assure que ce mib est identique au ré# obtenu par la marche de quinte. La marche de quarte a donné les notes re, sol, ut, fa, sib, mib. Toutes les autres notes qui n'ont pas été obtenues directement s'accordent ensuite par octave.
Second procédé. On a recours à un instrument appelé accordeur : c'est un peigne en acier dont les douze dents ou lames, montées sur une planche sonore, donnent avec justesse tous les sons de la gamme tempérée partant d'un diapason fixe. Une octave étant accordée au moyen de cet instrument, les autres notes s'accordent par unisson d'octave. — Le monocorde gradué, le chromamètre de M. Roller, etc., remplissent le même office.
Quant à la manière d'ajuster et de tendre les cordes, elle est fort simple : on les monte d'un bout sur un crochet fixe en les tordant de manière à y faire un œil ; on enroule l'autre bout sur une cheville à tête carrée que l'on tourne à volonté au moyen d'une clef, dite accordoir.