Accouchement

(Médecine domestique). Lorsqu'une femme ressent les avant-coureurs de la délivrance, on doit s'occuper sans délai de préparer tout ce qui est nécessaire pour elle et pour son enfant. Le lit sera disposé avec un soin particulier ; on plie un drap en quatre ou en six par la lisière, on le pose en travers du matelas, un peu plus du côté de la tête que de celui des pieds, et on le borde avec soin sous le matelas ; on place ensuite le drap qui sert à faire le lit, en le tendant bien ; puis un autre drap plié en quatre par la lisière aussi, en travers du lit, sous le traversin, en l'étendant vers les pieds ; on le borde, et on achève le lit comme on avait l'habitude de le faire ; cependant il sera convenable de couvrir les pieds un peu plus qu'à l'ordinaire. Ce lit ne recevra l'accouchée qu'après la délivrance ; il faut en préparer un autre sur lequel celle-ci aura lieu. Le plus convenable pour cet usage est un lit de sangle : on le place de manière que la tête du lit soit appuyée contre le mur, et qu'on puisse circuler tout autour. Il doit être garni d'une toile cirée. La couverture et le drap de dessus ne doivent border ni les côtés, ni les pieds ; il convient d'élever le côté de la tête par-dessous le matelas. — Il faut qu'il y ait du feu dans la chambre de l'accouchée, et si la chaleur de la saison s'y oppose, on fera du feu dans une chambre voisine, afin d'avoir de l'eau chaude et de pouvoir faire chauffer le linge. Il est à peu près indispensable de se mettre devant le feu, en toute saison, pour habiller le nouveau-né. On devra se munir à l'avance de graine de lin pour faire du mucilage et de beurre frais. On préparera le linge nécessaire pour changer l'accouchée, tel que chemise, camisole, serviettes, et aussi le berceau et les vêtements de l'enfant. On aura de l'eau chaude, une bassinoire, deux cuvettes, des ciseaux, du fil de Bretagne ciré et une compresse.

La patiente devra se déshabiller et se vêtir de manière à pouvoir ôter promptement ce qu'elle a sur elle. Pendant le cours des douleurs, elle doit conserver quelques vêtements et des bas, et si la saison est froide, elle fera bien de mettre des chaussettes ou des bas de laine par-dessus ses bas. En couches, le froid aux pieds est toujours dangereux. Comme l'accouchée doit rester plusieurs jours sans pouvoir se peigner, elle devra arranger ou faire arranger ses cheveux de manière qu'ils se mêlent le moins possible et qu'ils ne la gênent en aucune façon.

Tant qu'une femme en mal d'enfant ne ressent que de faibles douleurs, elle doit marcher lentement, s'asseoir par moments, s'étendre sur un canapé ou sur un lit ; elle ne se placera sur le lit destiné à sa délivrance, qu'au moment où les douleurs prennent un caractère bien marqué et qu'elles se rapprochent. La personne qui l'assiste n'a autre chose à faire qu'à lui prodiguer des encouragements, à lui donner à boire, peu cependant, et à lui réchauffer les pieds, si elle se plaint du froid. — Si la délivrance était imminente et que l'accoucheur ne fût pas arrivé, il ne faudrait point s'effrayer. Une personne intelligente, la garde malade surtout, peut aider la patiente dans ce moment critique. Voici ce qu'elle doit faire. Aussitôt que la tête de l'enfant se présente, il faut placer la main de manière à la contenir doucement, en passant le bras par le pied du lit, de manière que la sortie ne soit pas trop brusque, ce qui pourrait blesser la mère. Pour cela, on pose les cinq doigts réunis et allongés à l'endroit où se présente la tête, et à mesure qu'on la sent avancer, on écarte les doigts peu à peu, de manière à saisir la tête dans tout son entier, en la retenant doucement. Il faut bien se garder, si la couche est lente, d'essayer de la hâter en tirant la tête, on pourrait causer des accidents. Une fois la tête sortie, il faut la tourner un peu, de manière que l'enfant puisse respirer ; car il naît toujours, quand l'ordre naturel n'est pas interverti, le visage en bas, et, par conséquent, posé sur la couche. La tête retournée, on continue de la soutenir, et on attend avec patience que le travail s'achève, ce qui se fait ordinairement assez promptement. L'enfant né se trouve entre les jambes de la mère ; on achève de le retourner sur le dos ; il tient encore par le cordon. On prend le cordon de la main gauche, et on le lie fortement avec une aiguillée de fil ciré, à 8 ou 10 centimètres du corps de l'enfant, en tournant plusieurs fois le fil autour du cordon avant de faire le nœud, et en serrant assez fort ; on coupe ensuite le cordon avec des ciseaux, à 5 ou 6 centimètres au-dessus de la ligature. On enlève l'enfant en le saisissant d'une main par la nuque, de façon que la tête se trouve dans le creux de la main et les doigts sous les épaules ; on passe l'autre main sous ses petites fesses, en ayant le soin de mettre le pouce entre les jambes, pour éviter les chutes, assez fréquentes, à cause de la matière visqueuse qui recouvre l'enfant. On le place dans un tablier attaché avec soin devant la personne qui doit le recevoir. Voy. Nouveau-né.

L'accouchée doit rester immobile sur son lit, ne pas parler, ne s'occuper de rien ; le repos lui est absolument nécessaire. La personne qui doit la soigner ne s'éloignera pas d'elle, et lorsque des douleurs de la même nature que celles qui ont accompagné l'expulsion de l'enfant se manifesteront, elle prendra le cordon, le tiendra sans faire le moindre effort pour le tirer, et pourra, de l'autre main, exercer une légère pression sur le bas-ventre. Ces douleurs annoncent la sortie du délivre ; on tendra le cordon en le tirant très légèrement, et on enlèvera le délivre aussitôt qu'il sera sorti. Il faudra s'assurer un instant après qu'il n'y a pas de perte, ce qu'il est assez difficile de juger au premier moment, parce que le sang vient avec abondance ; mais si cet écoulement ne cesse pas promptement et que l'accouchée pâlisse, il faut au plus vite appeler un homme de l'art. En attendant, on abaissera la tête du lit, on découvrira les pieds au lieu de les réchauffer, et on fera observer un repos absolu. Si les accidents persistaient, on pourrait appliquer sur le bas-ventre une serviette imbibée d'eau froide et de vinaigre, et exercer une légère pression sur cette partie.

On ne doit pas laisser dormir une femme aussitôt qu'elle est délivrée, parce qu'il pourrait survenir une perte sans qu'on s'en aperçût ; on lui donne à boire de l'eau sucrée tiède, de la tisane d'orge, ou quelqu'autre boisson analogue, et on ne la remet dans son lit que lorsqu'elle se sent un peu reposée des fatigues qu'elle vient d'éprouver. Pour effectuer ce transport, on approchera le lit de sangle de l'autre lit et on aidera le mieux possible l'accouchée à passer de l'un dans l'autre : celui-ci ne sera que légèrement bassiné. On doit éviter les visites et tout ce qui peut fatiguer la jeune mère ou lui donner des émotions. Les odeurs et les parfums sont particulièrement désagréables aux femmes en couches.

Accouchement (Législation)

La loi veut que, dans les 3 jours de l'accouchement, la naissance de l'enfant soit déclarée par le père, ou, à défaut du père, par les médecins, sages-femmes, ou autres personnes qui ont assisté à l'accouchement, et, lorsque la femme est accouchée hors de son domicile, par la personne chez qui elle est accouchée, sous peine d'un emprisonnement de 5 jours à 6 mois et d'une amende de 16 fr. à 300 fr. (C. Nap., art. 55 et 56, C . pén., art. 346).

Il existe à Paris, boul. du Port-Royal, 23, une Maison d'accouchement, vulgairement connue sous le nom de Maternité, renfermant un pensionnat et une école d'accouchement pour les élèves sages-femmes. Voy. Sage-femme.

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