Arsenic
(Médecine). — 1° Empoisonnement par l’arsenic. L’action de ce poison se reconnaît aux symptômes suivants : le malade crachote continuellement ; il a les dents agacées, l’haleine fétide, il éprouve de vives palpitations de cœur et de fréquentes nausées accompagnées de vomissements. Quelquefois les lèvres sont noirâtres ; la langue, le palais, la gorge sont enflammés ; l’estomac est si douloureux que le poids d’une simple couverture devient insupportable. Le pouls est tantôt petit et fréquent, tantôt lent et inégal. Les évacuations sont noirâtres et d’une extrême puanteur ; les urines sont rares, rouges et teintes de sang, elles paraissent brûlantes au passage. Bientôt la physionomie s’altère, les yeux se creusent et s’entourent d’un cercle livide ; une forte démangeaison se fait sentir par tout le corps qui enfle et se couvre de taches pourprées ; un froid glacial s’empare des extrémités et gagne bientôt tout le corps. Enfin le malade est saisi d’affreuses convulsions et d’un délire que suit bientôt la mort.
Le plus ordinairement cet empoisonnement a lieu au moyen de l’arsenic blanc (acide arsénieux), dissous dans de l’eau, du vin, de la bière, ou toute autre liqueur. Dès l’apparition des premiers symptômes, il faut, sans perdre de temps, provoquer le vomissement. On fera boire au malade plusieurs grands verres d’eau tiède légèrement miellée, et, à défaut, de l’eau sucrée en abondance ; si le vomissement n’arrive pas très promptement, ou s’il est insuffisant pour rejeter tout le poison, il faut le hâter et l’exciter, soit en introduisant les doigts dans la gorge, soit en chatouillant la luette avec les barbes d’une plume. Si l’on peut se procurer de l’eau sulfhydrée, on en fera boire au malade plusieurs demi-verres. Pendant que l’on fait usage de ces boissons, on préparera un mélange d’eau de chaux (30 gr. de chaux vive dans 4 lit. d’eau environ) avec une décoction de guimauve, d’eau de riz, ou d’eau gommée, puis on l’administrera au malade, par demi-verres, d’abord de 5 en 5, puis de 10 en 10 minutes, et enfin de quart d’heure en quart d’heure, suivant l’état du vomissement. — Dès que le calme commencera à se rétablir, on supprimera l’eau de chaux et on songera aux moyens de prévenir l’inflammation des entrailles et autres accidents produits par la présence du poison. Mais ici le mieux est de suivre les prescriptions du médecin qu’on aura eu le temps de mander auprès du malade.
Manière de reconnaître la présence de l’arsenic dans un liquide. — Prendre une partie du liquide et y verser de l’eau chargée de gaz hydrogène sulfuré, ou tenant en solution des sulfures de potasse ou d’ammoniaque. Si le liquide contient de l’arsenic, il se formera un précipité jaune. Ce précipité projeté sur des charbons ardents, donne une fumée blanchâtre et une forte odeur d’ail. Mis entre deux lames de cuivre rouge que l’on fera chauffer, il y produira une tache blanche. — Si la liqueur qui contient l’arsenic était visqueuse ou albumineuse, il faudrait d’abord l’étendre avec de l’eau distillée, la faire bouillir pendant quelques minutes pour coaguler ces parties albumineuses ; puis filtrer et rapprocher la liqueur par l’évaporation, que l’on peut pousser jusqu’à la dessiccation. On dissout le résidu avec de l’eau distillée, et on l’examine par les procédés indiqués.
Dans tous les cas qui intéressent l’ordre public, il convient toujours de garder une partie de la liqueur analysée, ainsi que les produits obtenus.
2° Usages de l’arsenic. — L’arsenic n’est pas plus un poison que cent autres substances qui sont en usage dans la pharmacie. À très petite dose, l’arsenic est souvent utile et il est beaucoup plus répandu dans la nature qu’on ne l’imagine. Les eaux en renferment fréquemment et elles n’en sont pas moins salutaires. Les eaux du m'ont Dore contiennent un milligramme d’arsenic par litre d’eau et c’est à la présence de cet arsenic qu’on attribue leur vertu contre la goutte et les rhumatismes. Les montagnards du Tyrol emploient, dit-on, l’arsenic comme moyen de se préserver de l’anhélation quand ils gravissent les montagnes.
— L’usage de l’arsenic peut produire l’engraissement ; on en donne quelquefois aux animaux qu’on tient à l’étable, et qui sont destinés à la boucherie ; c’est le secret des maquignons qui s’en servent pour mettre un mauvais cheval en bon état.
— L’arsenic s’emploie dans le chaulage des blés (Voy. Chaulage). Cette addition de l’arsenic n’a rien de dangereux et c’est un excellent moyen de détruire les souris et les campagnols qui pullulent dans les champs.