Chanvre Chènevière
(Agriculture). Les récoltes de Chanvre se succèdent sans interruption dans le même sol, pendant de longues années, à deux conditions ; 1° que la terre de la chènevière lui convienne parfaitement ; 2° qu’il soit largement fumé. Il ne faut donc cultiver le Chanvre que dans une terre riche, profonde, et un peu humide : les sables humeux, noirs, et gras, les marais et les étangs desséchés, les terres d’allusion, lui conviennent surtout. Il faut au chanvre des engrais consommés et abondants ; on ne doit jamais craindre de lui en donner trop. Une fois que la chènevière est dans un état de richesse convenable, il vaut mieux lui donner tous les ans une moyenne fumure en bon fumier, qui agit directement sur la récolte, que de fumer à forte dose tous les 2 ou 3 ans. — Lorsque la chènevière est d’une petite étendue et qu’on la cultive à bras, on lui donne un labour profond à la bêche, avant l’hiver, en laissant les mottes levées en gros blocs. Au printemps, lorsque les mauvaises herbes commencent à germer, on passe le râteau sur ces mottes qui se réduisent en poussière, et on apporte le fumier, qui est immédiatement répandu. Quelque temps après, on enterre ce fumier par un nouveau labour un peu moins profond que le premier, et on dispose des planches larges de 1m,40, séparées par des sentiers de 0m,30. — Si la chènevière est d’une étendue suffisante pour être labourée à la charrue (20 ares au moins), on donne la première façon à l’automne, aussi profondément que possible, et on laisse la terre sur le labour brut. Au printemps, après avoir hersé, on transporte le fumier que l’on enterre par le second labour ; un mois plus tard, on donne le labour de semence. Voy. Labour.
Le temps le plus convenable pour semer le chènevis dans le centre de la France, est la première quinzaine de mai. On peut le faire 15 jours plus tôt dans le Midi, et attendre le mois de juin dans le Nord. La quantité de semence est de 4 à 5 hectolitres à l’hectare, selon la finesse que l’on désire dans la filasse. Si l’on sème en vue d’obtenir seulement des porte-graines, il ne faut pas semer plus de 2 hectolitres à l’hectare. La graine, enterrée à la herse, ne tarde pas à lever ; elle n’a rien à craindre de la mauvaise herbe ; le chanvre couvre bientôt la terre d’une verdure épaisse, qui étouffe les plantes parasites. Le Chanvre étant dioïque, les plantes mâles commençant à jaunir 3 mois environ après la semaille du chènevis ; la fécondation est alors terminée. On arrache tous ces pieds arrivés à maturité, on les met en bottes et, après les avoir exposés debout au soleil pendant 4 ou 5 jours, on les met à l’abri en attendant la maturité des porte-graines qui ne se produit que quelques semaines plus tard. Lorsque la graine commence à prendre une couleur grise, on arrache le reste du Chanvre : un plus long retard nuirait à la qualité de la filasse. — Lorsqu’on cultive le Chanvre en grand, il vaut mieux sacrifier la récolte peu importante de la graine, et arracher tout le Chanvre après la fécondation, lorsque les pieds mâles commencent à jaunir. Dans ce cas, pour avoir de bons porte-graines, on répand quelques poignées de chènevis dans les pommes de terre, les betteraves, le maïs, avant le premier binage ; les porte-graines ainsi venus dans une situation isolée, sont bien autrement vigoureux et productifs que ceux que peut donner la chènevière. Comme les oiseaux granivores aiment passionnément le chènevis, il est indispensable de le garantir par des épouvantails ou de le faire garder par des enfants. — Après qu’on a fait sécher le Chanvre en faisceaux pendant quelques jours, on le porte au routoir. Voy. Rouissage.
On connaît deux variétés de Chanvre, le Chanvre ordinaire et le Chanvre du Piémont ; ce dernier l’emporte de beaucoup sur l’autre pour la richesse de ses produits. Quand on veut avoir de beau Chanvre, il est nécessaire de renouveler chaque année la semence, en la tirant des pays où l’on donne un soin particulier à la graine. Dans l’Isère, où la culture du Chanvre est portée à un haut degré de perfection, on fait venir la graine du Piémont.
Lorsque le Chanvre a été frappé de la grêle avant qu’il ait fleuri, il faut couper le plus promptement possible et obliquement, les brins qui ont été atteints, un peu au-dessous de l’endroit où apparaissent les meurtrissures, et à 0m,50 tout au plus au-dessus de la terre. Les brins ainsi recépés repoussent avec une nouvelle vigueur et donnent des produits tout aussi abondants que ceux qui n’ont pas été touchés par la grêle.