Comptabilité

Comptabilité commerciale. Voy. Tenue des livres.

Comptabilité domestique et agricole (Écon. domest.). La maîtresse de maison, soit à la ville, soit à la campagne, a besoin de ranger avec méthode, dans une comptabilité facile, mais suffisante, les détails nombreux dont elle ne saurait sans inconvénient surcharger sa mémoire, afin de pouvoir embrasser d’un coup d’œil, à la fin du mois et de l’année, l’ensemble de chacune des spécialités sur lesquelles portent ses dépenses ; et, par cela même, toute la situation économique de son ménage.

1° Le livre élémentaire de la comptabilité domestique est un petit registre en forme d’agenda ou de main courante sur lequel la maîtresse de maison inscrit tous les jours et n’importe à quel instant de la journée, ses notes sur tout ce qui se passe chez elle, comme achats et ventes au comptant, achats et ventes à crédit, obligations contractées, travaux commandés ou exécutés, journées d’ouvriers, etc. Seulement quand il s’agit d’une opération donnant lieu à une recette ou à une dépense, elle en sort le montant dans une colonne destinée à cet usage. Lorsqu’au contraire, l’affaire ne donne pas lieu immédiatement à un mouvement de caisse, elle en inscrit le montant à la suite du libellé de l’article. De cette manière on a, dans la main courante, un petit livre de caisse. Le soir on fait sa caisse et on relève tous les articles notés dans la journée, pour les inscrire au compte spécial qu’ils concernent. Chaque article doit porter sa date.

2° Vient ensuite le livre de cuisine destiné seulement aux objets qui servent à la nourriture. Ce livre a deux colonnes si la ménagère habite la campagne : dans l’une sont portés tous les objets achetés, dans l’autre les objets pris sur la propriété et auxquels il convient de donner leur valeur vénale. À la fin du mois on a d’un coup d’œil le total de la dépense de table : la dépense en argent et la dépense en nature. Cette dernière peut servir au compte général des revenus de la propriété.

3° Un petit grand-livre est destiné aux recettes et aux dépenses de toutes natures. Il a aussi deux colonnes ; l’une pour les dépenses de la maison de maître ; l’autre pour celles du ménage de la ferme. — Sur l’une des pages sont inscrites, jour par jour, et avec les dates, les dépenses ; sur l’autre les recettes, placées en regard. On y porte chaque mois le total des dépenses du livre de cuisine et on fait recette en un seul article des choses auxquelles on a donné une valeur. On ajoute à ces recettes toutes celles qui sont le produit de quelque vente et l’argent versé chaque mois dans la caisse pour les dépenses de la maison. — Si le personnel de la maison n’est pas très nombreux, pour simplifier les choses, on pourra consacrer une partie de ce livre à ouvrir un compte particulier à chacun des domestiques et des ouvriers qui se trouvent sous la direction de la ménagère. En tête de ce compte on mettra le nom du salarié et les conditions du marché qu’on a fait avec lui. Si le domestique ou l’ouvrier est en position de fournir quelque chose à la ménagère, son compte aura deux colonnes ; l’une pour l’argent qu’on lui compte, l’autre pour les valeurs fournies par lui. Chaque semaine, ou chaque mois, selon l’usage des époques de payements, on fait le compte de chaque ouvrier ; s’il est payé, on porte la somme en compte et on biffe les journées ; s’il ne l’est pas, on se borne à inscrire le total de la somme due. Si le personnel est nombreux, il sera nécessaire d’avoir un livre spécialement destiné aux comptes qu’il exige (Voy. n° 4). — La maîtresse de maison pourra aussi faire un compte à part des dépenses qui lui sont personnelles, ainsi que de celles de ses enfants, et ne porter sur le grand-livre que les sommes rondes ; car ces comptes le seront que secondaires.

Il est indispensable de faire au moins une fois par mois la balance des comptes. On fait le total de la dépense et celui de la recette ; puis on compte l’argent restant en caisse ; ce restant est ajouté aux dépenses et doit faire le total de l’argent encaissé. Si cette balance n’est pas juste, c’est qu’il y a une erreur, soit dans les dépenses, soit dans les recettes et il faut la chercher immédiatement. Elle peut provenir d’un double emploi, d’un oubli ou d’une erreur dans les additions. Il convient de vérifier d’abord les notes ; puis les chiffres et les additions ; puis enfin de chercher dans sa mémoire. Si l’erreur n’est pas retrouvée, comme elle ne peut être considérable, et que les livres de ménage n’ont pas besoin d’être tenus avec la sévérité des livres du commerce, on passe un petit article sous le titre de dépenses ou recettes oubliées, afin d’avoir une balance juste, et on apporte un nouveau soin à ses écritures.

4° Un livre de journées est ouvert pour ouvriers et ouvrières employés dans la maison. — Ce livre a 9 colonnes. Dans la 1re on inscrit le nom de l’ouvrier ; dans la 2e le prix de la journée. Les 6 colonnes suivantes sont pour les jours de la semaine. Dans la 9e et dernière on inscrit le total, soit des journées, soit du prix en argent. Pour inscrire la journée, il suffit de faire une barre dans la colonne du jour pendant lequel l’ouvrier a travaillé.

5° Pour la ménagère de campagne, il est bon d’avoir un livre sur lequel on inscrit, avec la date, le nom d’un animal que l’on a fait saillir ; la date de la mise bas ; le sexe et le nombre des petits ; — un autre sur lequel on inscrit brièvement, avec les dates, les travaux exécutés dans la journée, comme les semailles, les transplantations, les arrachages ; les ventes et les achats ; les accidents et les changements survenus dans la maison ; le temps qu’il a fait ; enfin une espèce de résumé de tout ce qui s’est passé dans les vingt-quatre heures. Ce livre intitulé : Travaux et faits journaliers, est souvent d’une grande ressource pour rafraîchir la mémoire et pour s’assurer de l’époque à laquelle tel ou tel travail a été exécuté ; quel en a été le résultat ; quels changements il convient d’apporter dans l’époque de son exécution, etc., etc.

La comptabilité ne remplirait que la moitié de son objet si l’on ne la résumait pour en juger l’ensemble. À cet effet, il faut non seulement faire chaque mois, comme nous l’avons dit ci-dessus, la balance des comptes, mais encore dresser, à la fin de l’année, un petit inventaire, après avoir préalablement arrêté tous les comptes débiteurs ou créanciers. Voici la formule de cet inventaire. — Inventaire au 31 décembre 18…

Actif. Mobilier… Argent en caisse… Effets en portefeuille… Provisions… Dû par tel… tel… tel… Puis on fait le total de cet actif.

Passif. Effets à payer… Loyer, impôts, etc., restant dus… Sommes dues : à tel… tel… tel… et l’on fait de même le total de ce passif.

On prend la différence entre ces deux totaux, il donne une situation exacte que l’on compare à celle de l’année précédente. Puis on rouvrira de nouveau tous les comptes, par un article à nouveau au crédit, s’ils sont créanciers ; au débit, s’ils sont débiteurs.

En résumé : Inscrire immédiatement sur la main courante ou sur le livret spécial, toute opération ayant trait à la comptabilité ; — le soir, réunir tous les articles de même nature inscrits sur ces livres et en porter le montant, par journée, sur leur compte respectif, au grand-livre ; — tous les jours, vérifier la caisse ; — tous les mois, faire un état de balance des comptes ; — tous les ans, un inventaire, ou situation annale ; tels sont les éléments d’une bonne comptabilité privée. Il n’est pas une ménagère quelque peu intelligente et d’une instruction ordinaire, qui ne puisse, avec un peu d’application, en tirer un excellent parti.

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