Convives
(Savoir-vivre). Quand on a reçu et accepté une invitation pour un dîner, on ne doit pas se présenter avant l’heure indiquée ; ce serait une indiscrétion, un manque de savoir-vivre : il est même bienséant de n’arriver que quelques minutes après l’heure indiquée : ce serait une grave impolitesse que d’arriver trop tard. Il faut donc éviter avant tout de se faire attendre. Du reste, lorsque la plupart des convives sont réunis, un maître de maison, après un quart d’heure d’attente, n’a plus à s’inquiéter des retardataires, à moins que le retardataire ne soit une dame ou un personnage considérable auquel on doit des égards. En entrant dans le salon, on doit saluer d’abord la maîtresse de la maison avec une aisance respectueuse, puis son mari avec déférence, puis les assistants d’un salut gracieux et général. Au moment de passer du salon à la salle à manger, le maître d’hôtel ou un domestique ouvre les deux battants et dit : « Madame est servie. » C’est seulement à ce moment que les invités doivent ôter le gant de la main gauche qu’ils ont conservé jusqu’alors et déposer leur chapeau dans un coin, sur ou sous un meuble, où ils pourront facilement le reprendre après le dîner en rentrant au salon ; car on ne doit jamais le quitter, excepté dans l’intimité. La place que les convives, ou du moins les principaux d’entre eux, doivent occuper à table, leur est ordinairement indiquée d’avance par le maître de la maison qui aura dit en particulier à chacun d’eux : « Vous donnerez le bras à Madame*** » ou bien « vous vous placerez à la droite ou à la gauche de Madame***. » On doit s’incliner aussitôt, faire exactement ce qui a été prescrit et ramener au salon la dame à laquelle on aura donné le bras. Quant aux convives dont la place n’a pas été désignée d’avance, c’est dans la salle à manger même que le maître de la maison, avant de s’asseoir, la leur indique. Quelquefois les places sont assignées au moyen de cartes déposées sur les serviettes et sur lesquelles les noms des convives sont écrits. C’est ce qui se fait ordinairement dans les dîners où il y a un grand nombre d’invités. Une recommandation qui n’est pas sans importance, c’est, lorsqu’on passe du salon dans la salle à manger, de laisser passer devant soi les personnages les plus marquants, et de suivre à son rang, ni plus ni moins. Il faut avoir assez de tact pour apprécier soi-même le rang qu’on doit occuper.
Les convenances à observer pendant un dîner sont trop bien connues pour qu’il soit nécessaire d’insister sur ce point. Qui ne sait pas qu’il faut étendre la serviette sur les genoux et non l’attacher à la boutonnière de l’habit ; rompre le pain avec les doigts, et non le couper avec le couteau : qu’il ne faut pas avaler le potage avec trop de bruit, parler trop haut ou la bouche pleine, rire à gorge déployée. Il est d’usage de n’offrir à boire à personne, à moins qu’on n’en soit prié par son voisin ou par sa voisine. Tout le monde sait aussi qu’on doit demander du bœuf, et non du bouilli ; du poulet, du chapon, de la poularde, mais non de la volaille ; du vin de Bordeaux, du vin de Champagne, et non du bordeaux ou du champagne. Du reste, dans un dîner bien ordonné, bien servi, on n’a rien à demander ; tout vous est servi ou offert par le maître d’hôtel ou par les domestiques. Un usage fort bon et généralement adopté, c’est de manger presque tous les mets avec la fourchette tenue de la main gauche, et constamment accompagnée du couteau qu’on tient de la main droite. Si l’on dîne à une table princière ou chez un personnage d’une grande importance, il faut se rappeler que, lorsqu’on demande quelque chose au maître d’hôtel, aux gens de première livrée, ou qu’on les remercie, on doit leur dire monsieur. Quand on accepte le café, il faut le boire dans la tasse, sans le verser dans la soucoupe.
Les convenances exigent qu’on passe la soirée ou du moins une partie de la soirée dans la maison où l’on a dîné. Si l’on est obligé, pour une affaire importante, de se retirer presque aussitôt après le dîner, il est bienséant de s’en excuser discrètement auprès du maître de la maison. Il est de rigueur que la visite obligée qui suit le dîner se fasse dans la huitaine, et toujours le soir.