Cygne

(Animaux domestiques). La chair des cygnes, surtout celle des jeunes qui n’ont pas encore accompli leur seconde année, est très bonne à manger ; leur duvet fin et d’une blancheur éclatante peut être utilisé de la même manière que le duvet de l’oie. La peau, forte et très épaisse, peut être mégissée en conservant son duvet ; on en fait des garnitures pour bas de robes, pour pèlerines, et aussi des palatines élégantes aussi recherchées que les plus belles fourrures dans les pays du nord, où les cygnes sauvages vivent en troupes très nombreuses. Néanmoins, ce n’est pas pour le parti qu’on peut en tirer sous ces différents rapports qu’on élève le cygne dans les pays tempérés et méridionaux de l’Europe ; c’est uniquement comme oiseau de luxe, destiné à l’ornement des bassins et des pièces d’eau dans les grands jardins paysagers. Le cygne n’est complètement adulte qu’à trois ans. Ses mœurs ont un caractère particulier ; il n’a jamais qu’une femelle ; il couve alternativement ou bien il veille à côté de sa femelle pendant toute l’incubation ; il serait alors dangereux de le troubler ou de l’irriter. Dans sa colère, il lance sa tête avec une telle force que son bec, dur comme de l’acier, peut, dit-on, casser net la jambe d’un homme. On dit aussi que le cygne mâle garde la même femelle pendant toute sa vie ; il défend ses petits jusqu’à la mort et ne s’en sépare que quand ils sont assez forts pour n’avoir plus besoin de lui. Les petits restent en troupe jusqu’à la fin de leur seconde année, âge auquel ils quittent leur plumage gris cendré pour devenir entièrement blancs ; ils ne s’apparient et ne commencent à se reproduire qu’à leur troisième année. On ne connaît pas exactement la durée de l’existence du cygne ; dans l’état de domesticité, il vit toujours très longtemps. Cet oiseau se nourrit de grains, de pain et d’herbe fraîche, absolument comme l’oie ; son entretien est assez dispendieux parce qu’il mange beaucoup. Dans les parcs, on le loge habituellement au bord d’une pièce d’eau, dans une élégante cabane munie d’un marchepied pour qu’il puisse facilement descendre à l’eau. Ceux qui n’élèvent des cygnes que dans le but d’en vendre les jeunes couvées, peuvent les loger avec plus d’économie dans un tonneau posé debout et ouvert sur l’un de ses côtés ; on place en avant du tonneau du côté de l’eau une plate-forme sur laquelle on dépose la nourriture des cygnes, et un marchepied pour faciliter leur descente à l’eau. La femelle du cygne pond 4 ou 5 œufs, à la fin de mars ou au commencement d’avril ; la durée de l’incubation est de 50 jours. Les petits s’élèvent très facilement ; on leur offre pendant leur premier mois du grain broyé et de la mie de pain pétrie avec du lait ; plus tard ils se contentent des mêmes aliments que les cygnes adultes. L’aliment que les cygnes préfèrent à tout autre, c’est la graine des plantes aquatiques au moment où elle commence à germer. Leur vue perçante leur permet de distinguer les plus petites de ces graines au fond de l’eau ; c’est la raison pour laquelle une pièce d’eau d’étendue moyenne, fréquentée par un ou deux couples de cygnes, n’est jamais à sa surface salie par des herbes aquatiques. Les cygnes recherchent aussi les insectes et les petits mollusques aquatiques pour s’en nourrir. Les marchands d’oiseaux castrent assez souvent les cygnes mâles, pour les empêcher de se reproduire et avoir ainsi plus souvent occasion d’en vendre ; ceux qui désirent orner de cygnes une pièce d’eau font sagement de se procurer des jeunes cygnes de 5 à 6 mois, et de les élever eux-mêmes : ce système a l’avantage de retenir les cygnes qui songent rarement à quitter les lieux où ils ont été élevés. Dans les départements du nord de la France, fréquemment visités par des bandes de cygnes sauvages, il est de toute nécessité de casser le fouet de l’aile aux cygnes domestiques qui ne résisteraient pas à la tentation de se joindre à leurs camarades émigrants. Le prix d’une paire de cygnes adultes est ordinairement, à Paris, de 50 à 60 francs.

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