Dessèchement
Dessèchement des marais et des étangs (Agricult.)
1° Marais. Le dessèchement des marais est une opération très importante au point de vue agricole, comme sous le rapport de l’hygiène. Mais dans les marais d’une grande étendue, cette opération exige des frais si considérables qu’elle ne peut être tentée que par de grandes compagnies et avec l’appui du gouvernement. Nous ne parlerons ici que des dessèchements que les propriétaires peuvent exécuter par eux-mêmes.
Dans bien des cas, le drainage (Voy. ce mot) est suffisant pour dessécher les terrains humides et marécageux ; mais dans les terrains sujets aux inondations résultant soit des pluies soit des neiges fondues, et que leur sous-sol imperméable ou l’absence de pente convertit en marais une grande partie de l’année, il faut recourir à d’autres moyens. — Le plus simple est le labour en billons (Voy. ce mot) : les eaux s’écoulent par le moyen des rigoles ou sillons principaux, et si elles y séjournent, elles laissent du moins intacte la partie supérieure du billon. On creuse un fossé ou réservoir au bout des raies pour qu’elles y déversent l’eau qui s’y amasse. — Lorsqu’il n’existe point de rivière ou de cours d’eau pour recevoir les eaux ainsi amassées, on pratique une ou plusieurs tranchées qu’on prolonge jusqu’à ce que les eaux trouvent une pente qui les entraîne au fond d’une vallée. Ces tranchées se font ordinairement à découvert ; on ne les couvre qu’aux endroits nécessaires pour le passage des voitures et des bestiaux. Celles qui sont couvertes dans tout leur parcours, et qu’on nomme coulisses, doivent être garnies de grosses pierres ou tout au moins de gros madriers croisés en forme de croix de Saint-André. — Si les tranchées ou les coulisses ne sont pas praticables, on a recours aux puits perdus. On creuse le sous-sol jusqu’à ce que l’on atteigne des couches perméables à travers lesquelles les eaux vont se perdre. Pour rendre l’abord de ces puits sans danger, on les comble avec de grosses pierres en ayant soin d’y ménager des vides pour le passage des eaux.
Quand le marais a une certaine étendue il faut avant tout rechercher les causes qui le produisent et bien étudier les pentes du terrain. S’il provient des débordements périodiques d’une rivière, on retient les eaux dans leur lit par des endiguements. Des ouvertures, ménagées de place en place et que l’on ouvre et ferme à volonté, permettent de faire rentrer les eaux dans la rivière lorsque le niveau en a baissé. S’il provient de sources sans issues, on leur creuse un lit jusqu’à la rivière la plus prochaine ; s’il est impossible de leur procurer ainsi un écoulement et que le sol tourbeux ou marécageux ne permette pas de creuser des puits perdus, on perce dans la partie la plus basse du marais autant de trous de sonde (Voy. Trou de sonde) qu’il est nécessaire pour absorber toute l’eau du marais. Ce moyen réussit presque toujours.
Il faut avoir soin de ne pas laisser se combler les fossés creusés au bas des terrains desséchés. On les cure à mesure qu’ils s’encombrent et on rejette dans le champ la vase qu’on en retire dans le double but de relever le sol et d’utiliser cette vase comme engrais.
2° Étangs. Le dessèchement des étangs est une opération beaucoup plus simple. Tous les étangs sont traversés depuis la queue jusqu’à l’œil de la bonde par un fossé appelé bief (Voy. Étang). Ce fossé d’un largueur de 2 à 3 mèt., sur une profondeur de 0m,40 à 0m,50, sert à égoutter l’étang lorsqu’on le met en assec. C’est ce même fossé qui sert à le dessécher lorsqu’on veut le transformer en pré ou en terre à labour. Tout se bornerait à lever la bonde et à laisser couler l’eau si l’étang était récemment établi, et construit selon les règles ; mais les choses ne se passent pas toujours ainsi. C’est ordinairement un vieil étang qu’on veut transformer en terre labourable ; non seulement le bief et le fossé de décharge sont plus ou moins comblés, mais encore le sol de l’étang est envahi par les joncs, les roseaux, et les laîches qui rendent le fond extrêmement inégal, et empêchent l’eau de s’égoutter entièrement dans le bief. — Il faut donc commencer par mettre en assec, dès l’automne, l’étang que l’on veut dessécher, en levant la bonde, les vannes, tout ce qui peut donner issue aux eaux. Lorsque celles-ci se sont écoulées, on cure le bief en lui donnant jusqu’à 1 mètre de profondeur si la pente le permet, et on ouvre, partout où le besoin s’en fait sentir, des rigoles pour ramener les eaux qui ont une disposition à dormir. Si l’œil du canal ne permet pas, par son niveau, d’égoutter toutes les eaux qui viennent au bief, il est essentiel de crever la chaussée, de détruire le canal, et de prolonger le bief qui devient dès lors un fossé d’assainissement, jusque dans le fossé de vidange qui en est la prolongation, et qui sera curé également (Voy. Étang). En même temps que l’on fait ce travail dans le bas de l’étang, il est à propos, si celui-ci est d’une grande étendue, de détourner les eaux qui arrivent à la queue, dans un ou plusieurs fossés latéraux.
Les choses restent en cet état jusqu’aux hâles du printemps. Les plantes qui couvrent le sol étant desséchées, on y met le feu avant que de nouvelles pousses aient commencé à paraître. Ce travail demande l’emploi de la pioche pour que l’incendie atteigne jusqu’aux racines ; les touffes épaisses sont arrachées et divisées, puis mises en réchauds et brûlées. Quelquefois, dans un sol tourbeux, l’opération est insuffisante et le fond reste humide. On approfondit alors les fossés, on en ouvre d’autres au besoin, et lorsque l’été est venu, on écobue (Voy. Écobuage). Un vieil étang desséché est d’une fertilité extraordinaire. Indépendamment des cendres que lui procurent deux brûlages successifs, le fond est amendé souvent depuis plus d’un siècle par des détritus végétaux et animaux tellement abondants que l’on est obligé d’extraire quelquefois une partie des vases avant de mettre l’étang en culture. Les frais d’extraction sont bien compensés par l’engrais ainsi obtenu.
Ce n’est qu’un an après qu’un étang a été mis en assec qu’on peut l’ensemencer. On ne commence pas par y semer du blé, ce grain ne pousserait qu’en paille et verserait. On lui fait rapporter de l’avoine, des fèves, des pois, des vesces, pendant 2, 4, 10 ans, jusqu’à ce que l’excès de fertilité soit apaisé. Deux années de pommes de terre, de raves, de betteraves, après quelques années d’avoine, de fèves, etc., nettoient parfaitement la terre, et celle-ci après avoir donné des produits considérables, reste suffisamment riche pour être ensemencée en blé. — Il faut qu’un étang desséché ait porté, pendant quelques années, des céréales avant d’être converti en prairie artificielle ou en pré. Dans ce dernier cas, il est toujours facile d’établir à peu de frais un pré irrigué en utilisant les eaux qui l’alimentaient autrefois. On dirige ces eaux dans deux rigoles alimentaires que l’on creuse aussi haut que le niveau le permet, sur les anciennes berges de l’étang, et le bief devient le fossé de décharge du pré, en même temps qu’il peut devenir fossé alimentaire pour conduire les eaux sur un pré inférieur situé en aval de la chaussée (Voy. Pré, Irrigation). On peut également, après qu’on a retiré un certain nombre de récoltes, remettre en eau un étang desséché et le soumettre alors à un assolement régulier où la pêche alterne avec la culture. Voy. Évolage.
Pour la législation, Voy. Marais.
Dessèchement (Art. vétér.)
1° Dessèchement des mamelles. Le froid excessif ou la grande chaleur, un abcès, une contusion, en sont les causes ordinaires. Pour y remédier, on a recours à l’introduction dans le conduit de chaque mamelon d’une broche mince à l’extrémité de laquelle on pratique un petit bourrelet enduit d’huile d’olives ; à de légères frictions avec la main sur les mamelles ; à des fumigations de baies de genièvre ; aux applications émollientes sur les mamelles ; à l’eau blanche et à une nourriture rafraîchissante. — 2° Dessèchement du pied. Chez le cheval et le bœuf, ce mal se manifeste par la diminution du volume de la corne et par la boiterie qui en est la suite. Des cataplasmes faits avec des plantes émollientes, la mauve, la pariétaire, le bouillon blanc, etc. ; l’eau blanche pour boisson, le son mouillé, les plantes fraîches, les lavements émollients sont les remèdes auxquels on peut recourir.