Échardonnage
(Agriculture). L’échardonnage, rendu obligatoire par des règlements locaux dans plusieurs départements, devrait l’être partout où il y a des chardons, par ce motif que la négligence à cet égard ne porte pas préjudice seulement à celui qui s’en rend coupable. En effet, les semences pourvues d’aigrettes que produit le chardon sont emportées par les vents à de grandes distances ; il suffit qu’un cultivateur laisse les chardons fleurir et porter graine dans ses champs pour infester de chardons toutes les terres de son voisinage. D’ailleurs tout fermier soigneux de ses propres intérêts doit faire échardonner. Il y a des années où, principalement dans les terres fortes, les chardons sont tellement multipliés que, si on les a laissés grandir, ils ôtent aux pailles toute leur valeur ; à l’époque de la moisson, il est difficile, même en offrant un prix très élevé, de trouver des ouvriers pour faire la récolte des céréales mêlées de chardons. Si l’on échardonne trop tôt, le chardon, muni de racines qui plongent quelquefois dans le sol à plus d’un mètre de profondeur, repousse presque aussitôt, fleurit et porte graine avant la moisson ; l’opération ne doit donc se faire que quand la végétation du chardon est assez avancée pour que le blé, comme disent les cultivateurs, prenne le dessus et que le chardon ne puisse fleurir : c’est le point important. La meilleure époque pour l’échardonnage est la première quinzaine de mai ; l’opération doit être menée très rapidement, sans quoi l’énergique végétation des céréales la rend très difficile. On doit donc, dans une grande exploitation, employer à la fois tout ce qu’il y a de femmes et d’enfants disponibles pour échardonner au moment opportun, car 50 ouvriers travaillant pendant 15 jours ne coûtent pas plus que 15 ouvriers pendant 50 jours. On commence par les froments et l’on termine par les avoines et les orges. L’échardonnage se pratique avec les instruments nommés échardonnette et échardonnoir (Voy. ces mots). Les frais qu’occasionne l’échardonnage se trouvent un peu diminués lorsque l’on fait manger aux bestiaux les tiges coupées. Cette nourriture, qui est fort bonne, est acceptée par eux si l’on a eu le soin de briser les épines.
La culture du Trèfle commun ou Trémoine est encore un excellent moyen de se débarrasser de cette plante nuisible. Voy. Chardon épineux.