Feux d’Artifice

Les diverses matières qui entrent dans la composition des feux d’artifice demandent à être maniées avec prudence et précaution, de manière à éviter de graves accidents. Il ne sera donné ici que la formule des compositions qu’on emploie le plus habituellement et qui sont en même temps les plus brillantes, telles que les pluies de feu, les jets de feu, les étincelles, les étoiles et les feux ou flammes de Bengale.

Pluies de feu

On mélange dans un mortier 3 parties de charbon et 16 parties de pulvérin, c.-à-d. de poudre de guerre pulvérisée et passée au tamis ; ensuite on remplit avec cette préparation des cartouches de diverses grandeurs. Si l’on veut obtenir une pluie de feu plus brillante, le mélange sera composé de la manière suivante : charbon, 5 parties ; pulvérin, 16 ; salpêtre, 8 ; soufre, 4.

Jets de feu

Pour les jets de feu ordinaire on fait un mélange de 1 partie d’antimoine, de 2 parties de charbon fin et de 16 parties de pulvérin. Pour les jets de feu plus brillants, le mélange sera composé de la manière suivante : limaille d’acier, 1 partie ; soufre, 1 ; pulvérin, 4. Enfin pour les feux colorés, tels que les feux bleus, verts ou rouges, on emploie, savoir : pour les feux bleus, 2 parties de salpêtre, 4 de pulvérin, 3 de soufre, 3 de zinc ; pour les feux verts, 1 partie de cuivre et 5 parties de pulvérin ; pour les feux rouges, 15 parties de pulvérin et 4 de nitrate de strontiane. Ces diverses compositions se mettent également dans des cartouches plus ou moins grandes suivant qu’on veut obtenir des jets plus ou moins considérables.

Étincelles

On mélange intimement 2 parties de camphre avec 1 partie de pulvérin et 1 partie de salpêtre. Quand ces substances sont bien mélangées, on y ajoute 1 partie d’alcool, de manière à former une pâte très liquide dont on imbibe des pelotes de coton qu’on roule ensuite dans du pulvérin très sec. Si l’on veut obtenir des étincelles plus brillantes on ajoute aux trois premières substances 1 partie de zinc.

Étoiles

On mélange, aussi bien que possible, les substances suivantes : antimoine, 1 partie ; cristal pilé, 2 parties ; pulvérin, 3 : salpêtre, 8 ; soufre, 4. Quand le mélange est bien opéré, on y ajoute 1 partie d’alcool, pour former une pâte très ferme qu’on aplatit et qu’on découpe en petites rondelles : ces rondelles sont ensuite saupoudrées de pulvérin sec et on les laisse se sécher à l’ombre. Si l’on veut obtenir des étoiles plus brillantes on ajoute aux substances indiquées ci-dessus 1 partie de gomme et 1 partie de zinc.

Feux de Bengale

Pour produire des feux étincelants, on mélange ensemble : antimoine, 1 partie ; pulvérin, 2 parties ; salpêtre, 4 parties ; soufre 4 parties. Quand ces substances ont été bien mélangées, on les passe à travers un gros tamis de crin ; puis, après en avoir rempli des vases cylindriques, on saupoudre la superficie avec du pulvérin, et l’on recouvre le tout d’une feuille de papier percée de trous où l’on place des étoupilles, c.-à-d. de petites mèches d’étoupe filée, qui doivent communiquer avec le pulvérin et auxquelles on met le feu. — Pour les feux rouges, on emploie 18 parties de soufre, 6 d’antimoine, 3 de noir de fumée, 20 de chlorate de potasse, 60 de nitrate de strontiane ; pour les feux bleus, 18 parties de soufre, 12 d’antimoine, 25 de chlorate de potasse, 15 de cendres bleues anglaises ; pour les feux verts, 30 parties de soufre, 4 d’antimoine, 4 de noir de fumée, 16 de chlorate de potasse, 190 de nitrate de potasse ; enfin pour les feux jaunes, 60 parties de nitrate de soude, 18 de soufre, 6 d’antimoine, 3 de noir de fumée. — Pour chacune de ces compositions, les substances qu’on emploie en quantité plus ou moins grande, mais toujours dans les proportions exactement voulues, doivent être d’abord pulvérisées séparément et ensuite parfaitement mélangées. Pour remplir les vases, on procède comme il a été déjà dit. Ces vases peuvent être tout simplement de petits cylindres en carton plus larges que hauts.

Avec ces diverses compositions et quelques autres, telles que fusées, soleils, chandelles romaines, etc., qu’on se procure toutes faites chez les artificiers, on peut disposer toutes sortes de pièces et décorations pour un petit feu d’artifice de famille. Il est toujours prudent de ne pas chercher à confectionner soi-même les pièces dont la préparation offre quelque difficulté ou quelque danger : les accidents arrivent plus souvent encore pendant la préparation du feu d’artifice qu’au moment où on le tire. — Les artificiers ont le droit d’exiger le nom et l’adresse des personnes auxquelles ils vendent des pièces d’artifice. Ils doivent même, aux termes d’une ordonnance du 3 juin 1821, inscrire sur un registre coté et paraphé par l’autorité locale non seulement les noms des acheteurs, mais aussi la quantité des pièces vendues.

Il nous reste à faire remarquer qu’il est défendu de tirer des feux et des pièces d’artifice partout ailleurs qu’à la campagne, et que quiconque violerait cette défense, dans les localités où elle existe, s’exposerait à une amende de 1 à 5 fr., et même à un emprisonnement de 24 heures à 3 jours, suivant les circonstances, sans préjudice de la confiscation des pièces d’artifice saisies (C. pén., art. 471-73). — Si un incendie est allumé par des pièces d’artifice les peines sont beaucoup plus graves. Voy. Feu et Incendie.

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