Féverole
(Agriculture). La féverole, dite aussi fève gourgane ou fève à cheval, aime une terre forte, fraîche et bien fumée. On cultive deux variétés de cette plante, l’une d’automne, l’autre de printemps. La variété automnale est précieuse en ce qu’elle laisse la terre libre dès le mois de juillet, ce qui donne le temps de la préparer pour le froment qui succède toujours aux féveroles dans un bon assolement. Les fèves de printemps ne pouvant souvent être semées que très tard à cause de la difficulté que l’on trouve dans des années humides à labourer de bonne heure les terres argileuses, leur récolte n’a quelquefois lieu qu’en septembre, ce qui n’est pas sans inconvénient quand il faut préparer le terrain pour le blé qui doit les suivre. Malheureusement la féverole d’automne ne supporte pas toujours les hivers dans nos départements du Nord ; ce n’est que dans le Midi et tout au plus dans les plaines du Centre qu’on peut la cultiver avec quelque sécurité. La place des féveroles, dans tous les assolements, est entre deux céréales, par conséquent, elle succède à l’avoine et remplace avantageusement la jachère dans la culture triennale. Il faut donner au moins deux labours profonds et des hersages multipliés pour préparer la terre à recevoir une semaille de féveroles, soit d’automne, soit de printemps. On ne doit pas épargner le fumier qui profitera, non seulement aux féveroles, mais encore au froment succédant à cette culture. Le procédé suivant est le plus rationnel pour les semailles des féveroles. On ne herse pas après le labour de semaille ; un ouvrier, muni d’un plantoir, ouvre au fond de la première raie, à 0m,10 de distance les uns des autres, des trous profonds tout au plus de 0m,03 à 0m,04. Une femme, qui le suit, dépose une seule fève dans chaque trou. On plante ainsi deux raies de suite ; la raie suivante reste vide, et l’on continue de même jusqu’à l’autre extrémité du champ. Un coup de herse donné en long enterre ensuite la semence. — Trois semaines après, les féveroles commencent à lever. Lorsqu’elles marquent leur raie, on leur donne un vigoureux hersage en long et en travers, sans craindre d’en briser quelques-unes. Ce hersage équivaut à un bon binage, ce qui ne dispense pas de biner les féveroles au moins une fois avant qu’elles n’entrent en fleur. Il ne faut pas travailler les féveroles pendant leur floraison. On se sert avantageusement pour biner les fèves, de la houe à cheval (Voy. ce mot) que l’on fait passer dans les grands interlignes ; il ne reste plus à biner à la main que les entre-deux des rangs qui se suivent, et encore, lorsque le hersage a été donné à propos, il est souvent possible de se dispenser de ce binage à bras. On ne saurait trop proscrire la culture des féveroles semées à la volée, par le motif qu’il est impossible de les biner ; elles ne peuvent recevoir que le hersage prescrit plus haut, qui ne les nettoie pas assez, on le comprend, pour remplacer la jachère. Lorsqu ’on sème à la volée, il faut quatre fois plus de semences que pour la plantation en lignes. Le prix des féveroles pour semence est toujours assez élevé pour que, lorsqu’on sème à la volée, les frais soient au moins aussi considérables que lorsqu’on donne deux binages aux féveroles plantées en lignes. Pour la plantation en lignes il ne faut que 120 litres de semence. Il en faut 4 hectolitres au moins pour les semailles à la volée.
La récolte des féveroles se fait à la faucille. On les laisse en javelle pendant quelques jours, puis on les lie en petites gerbes avec des liens d’une seule longueur de paille. On réunit ces gerbes en les adossant les unes aux autres debout par dizaines ; il ne faut les rentrer que lorsque leurs tiges sont assez sèches pour qu’on puisse les entasser sans danger dans la grange. — Le produit moyen d’un hectare de féveroles bien cultivées et bien fumées est de 25 hectolitres du poids de 88 kilogr., soit ensemble 2 200 kilogr. La paille, d’un poids égal à celui du grain, n’est guère moins estimée comme fourrage qu’une égale quantité de foin de bonne qualité ; elle est surtout salutaire aux chevaux qui ont éprouvé de rudes fatigues pendant la fenaison ou la moisson. Les féveroles jouent un très grand rôle dans l’alimentation des animaux domestiques ; on les leur donne concassées, réduites en farine ou délayées dans l’eau. — Lorsque les féveroles sont cultivées pour la nourriture de l’homme, on en utilise les tiges comme fourrage vert, dès que les gousses des premières fleurs sont formées. On ne doit couper chaque jour que la quantité que les animaux doivent consommer, afin qu’elles soient toujours fraîches.