Figuier
(Horticulture). On ne peut cultiver le figuier, sous le climat de Paris, qu’à une exposition méridionale, dans une situation exactement garantie contre les vents secs du printemps et les vents humides de l’automne, et en s’astreignant à le revêtir tous les ans d’une épaisse chemise de paille pendant toute la mauvaise saison. Le figuier préfère à tout autre un sol léger, dans lequel le sable siliceux domine ; on le multiplie de ses rejetons enracinés ; ceux-ci, toujours trop nombreux pour les besoins de la multiplication, doivent être supprimés tous les ans, même quand on ne les utilise pas, afin de ne pas fatiguer la plante mère, et de favoriser la production des figues. Le figuier peut, avec une égale facilité, multiplier de marcottes et de boutures. Les jardiniers qui le cultivent le mieux pincent les extrémités des branches chargées de fruits, quand les figues sont bien formées, et ils suppriment soigneusement tout œil à bois qui tend à se développer dans le voisinage d’un fruit naissant.
Le figuier est naturellement disposé à donner deux récoltes par an ; ceux qui le cultivent en grand pour la vente de ses fruits ont toujours soin d’en réserver quelques-uns pour avoir une récolte abondante en automne. Il suffit, pour cela, de supprimer, lorsqu’elles sont au quart de leur volume, toutes les figues d’été ; afin de prévenir l’écoulement de la sève, les plaies produites par l’enlèvement des figues vertes doivent être immédiatement cicatrisées avec du plâtre et de la chaux éteinte pulvérisée. Après cette suppression, les rameaux à fruit continuent de s’allonger ; on les pince quand chacun d’eux, selon sa grosseur, porte de 6 à 8 figues. Celles-ci ont encore le temps, par ce moyen, d’arriver avant la fin de l’automne à parfaite maturité. Lorsqu’on a soin de ne pas laisser de vieux bois au figuier, de manière à n’avoir jamais que des tiges à fruit qui n’excèdent pas la longueur de 2 mèt. et qui conservent toute leur souplesse, ces tiges, à l’entrée de l’hiver, sont réunies en faisceau par de forts liens d’osier, recouvertes d’une bonne chemise de paille, puis couchées de manière à se trouver presque étendues en long sur le sol ; de solides crochets de bois enfoncés en terre les maintiennent dans cette position ; au printemps, au milieu ou à la fin d’avril, selon l’état de la température, les figuiers sont débarrassés de leur enveloppe de paille et rendus à leur situation naturelle. Les jardiniers d’Argenteuil couchent les figuiers de cette manière ; mais, au lieu de les entourer de paille, ils enterrent les tiges dans des rigoles ouvertes à cet effet, les chargent de terre prise dans la rigole et ne les déterrent qu’au printemps.
Parmi les nombreuses espèces et variétés de figuier, 5 seulement peuvent être cultivées sous le climat de Paris ; ce sont les figuiers à fruit blanc rond ou des deux saisons ; à fruit blanc long, dit Madeleine ; à fruit jaune, dit Angélique ; à fruit violet, et à fruit renflé vert, dit poire de Bordeaux. Les autres espèces ne réussissent bien que dans le Midi.
Les rameaux du figuier sont quelquefois infestés d’une sorte de kermès ou psylle qui les dessèche et empêche le développement des fruits. Lorsque ces insectes sont en abondance, il faut frotter les rameaux infestés avec une brosse rude trempée dans une eau amère ou alcaline. Lorsqu’ils attaquent les fruits, ils en activent la maturation, mais sans profit, parce que leur présence empêche qu’on ne puisse manger ces fruits.