Glacière
(Écon. domestiq.). — 1° Glacière domestique. — Premier procédé. On se procure un buffet ordinaire à deux vantaux, fermant bien, et dont le dessus se lève et s’abaisse au moyen d’une charnière. Au centre on place un ou deux rafraîchissoirs, vases en grès remplis de glace et percés par le bas d’un trou qui donne écoulement à l’eau résultant de la fusion de la glace. Ce rafraîchissoir est entouré d’un petit tonneau en bois assez grand pour laisser, entre ses parois intérieures et le vase en grès, un intervalle de quelques centimètres, qu’on remplit de charbon pilé ou broyé très fin. L’eau qui s’écoule du rafraîchissoir traverse la couche inférieure de charbon, s’y filtre et s’accumule dans un réservoir, d’où on l’extrait à volonté par un petit robinet. Quelques rangs de tablettes permettent de déposer dans la glacière les bouteilles ou les plats qu’on veut conserver au frais. L’intérieur du buffet, ainsi que le dessous, doivent être garnis de plaques de liège qui, étant très mauvais conducteur de la chaleur, maintient la fraîcheur dans l’intérieur du meuble. Un couvercle, construit de la même manière, recouvre chacun des vases en grès.
Second procédé. On se procure un grand tonneau cerclé en fer et dont les douves soient bien jointes. On le défonce par en haut, et, dans le bas, on pratique, au milieu, un trou à peu près grand comme l’ouverture du goulot d’une bouteille. On introduit dans le tonneau une tinette de bois, ayant la forme de celles qu’on emploie pour battre le beurre, mais plus large et plus haute : cette tinette doit reposer sur deux pièces de bois qui empêchent que le fond ne touche celui du tonneau. Les choses ainsi disposées, on remplit de charbon pilé ou écrasé tous les intervalles entre la tinette et le tonneau. On coiffe la tinette d’un couvercle qui se lève au moyenne d’une poignée et qui est muni en dessous de plusieurs petits crochets destinés à recevoir les bouteilles qu’on veut faire rafraîchir. Sur ce couvercle repose un sac de même forme et de même grandeur, rempli de charbon pulvérisé, et, par-dessus tout un second couvercle ferme le tonneau. C’est à l’époque des dernières gelées qu’on remplit la tinette de glace pilée ou de neige bien foulée ; l’appareil est placé dans une cave ou dans un cellier, et, si l’on veut obtenir de meilleurs résultats, on l’enfonce dans la terre jusqu’aux deux tiers de sa hauteur. Les terrains humides ou exposés à être baignés par l’eau ne conviennent en aucune façon. Quand on veut faire rafraîchir l’eau, le vin ou tout autre liquide, on lève le premier couvercle de la tinette pour suspendre aux crochets les bouteilles ou les carafes au moyen de cordons ou de fils de fer passés autour des goulots, et l’on ferme aussitôt l’appareil de manière à empêcher toute communication de l’air extérieur avec la glace. Une demi-heure suffit pour donner aux liquides toute la fraîcheur qu’on peut désirer. Une petite ouverture, en forme de soupape, pratiquée au fond de la tinette, sert à laisser écouler l’eau de fusion.
2° Construction et remplissage d’une glacière rustique. La forme de la glacière est ordinairement un cône renversé, ou plutôt celle d’un œuf de poule ouvert par le haut. On doit l’établir préférablement dans un terrain sec, car partout où il y a de l’humidité la glace se fond plus facilement, et sur un point élevé, afin de faciliter l’écoulement des eaux du sol et de celles qui résultent de la fusion de la glace. Si le sol est sec, crayeux ou sablonneux, la glacière peut être placée au-dessous du niveau du sol ; si, au contraire, la terre est grasse, humide, argileuse, il faut nécessairement l’établir à un niveau supérieur. La glacière doit être entourée d’un massif d’arbres, afin qu’elle soit exposée le moins possible à l’action de l’air extérieur. Si la quantité de glace qu’on peut consommer par année, n’est pas très considérable, un puits de 2 mètres de diamètre sur 3 mètres de profondeur est suffisant. Le fond de la fosse devra conserver un espace libre de 0m,50 à 0m,60 de profondeur, pour recevoir l’eau de la fusion : ce petit réservoir se videra par un petit canal souterrain. Il ne faut pas donner moins de 0m,60 d’épaisseur aux murailles de la fosse, qu’on construira en bonnes briques ou en pierres parfaitement cimentées. Une condition essentielle, dans la construction d’une glacière, c’est de l’entourer d’une maçonnerie double, à partir de 1 mèt. de la base, en laissant entre les deux murs un intervalle de 0m,10 ou 0m,20. Les deux murailles étant élevées à la hauteur voulue, on les recouvre toutes les deux d’une voûte très surbaissée. Si la bâtisse doit être recouverte en ardoises ou en tuiles, il faudra faire précéder ce toit d’une couche de roseaux, de paille ou de matières de même genre, de 0m,60 d’épaisseur environ, qu’on couvrira avec du mortier à la chaux. La porte de la glacière n’aura que la grandeur strictement nécessaire pour qu’on puisse y pénétrer ; elle doit être forte et fermer exactement. À 1 mèt. 1/2 ou 2 mèt. de distance de la première porte, on en établit une seconde qu’on aura toujours soin de refermer avant d’ouvrir la première. Lorsque la glacière vient d’être terminée, il faut avant de la remplir, lui laisser le temps de bien sécher. Alors, au fond du puits, et sur un grillage en bois, on place d’abord quelques brindilles de bois, puis une bonne couche de roseaux, sur laquelle doit reposer la glace. Les parois verticales du puits doivent être également garnies de roseaux.
Quant au choix de la glace, les petits morceaux sont les meilleurs. Il faut la serrer, la tasser, de manière à ne laisser que le moins de vides possibles ; si l’on recueille de la neige, il faut la former en pelotes fortement battues et comprimées, disposées ensuite dans la glacière de sorte qu’il n’y ait point de jour entre elle ; on les recouvre d’un peu d’eau au moyen d’un arrosoir, et elles se prennent bientôt en masse.
Méthode américaine. Elle consiste à creuser dans le sol une excavation carrée, qu’on garnit de cloisons en bois isolées de la terre par de la paille hachée, de la sciure de bois ou du charbon pilé, formant une épaisseur de 0m,15 à 0m,20. Cette glacière doit être établie sur le côté nord d’une colline ; mais on peut l’établir aussi en plaine, en prenant la précaution de la recouvrir d’un morceau de terre, et en plaçant l’ouverture au nord. Quelquefois même on construit la glacière au-dessus du sol, sous la forme d’un toit conique. Les murs et le toit sont tout simplement en chaume de 0m,30 à 0m,40 d’épaisseur. On dépose la neige ou la glace sous ce toit conique, fait avec quelques perches, reposant sur un lit de paille. Un second toit recouvre celui qui a reçu la glace ; la distance entre les deux est assez grande pour qu’un homme s’y tienne debout. — Voy. Glace.